mercredi 7 décembre 2011

Présidentielle 2012 : quatre candidats pour deux places en finale


On le sait bien, mais on l'oublie parfois : pour envisager de gagner l'élection présidentielle en mai prochain, il faut d'abord se qualifier pour le second tour.

Vu d'aujourd'hui ils sont quatre, parmi les candidats déclarés ou présumés, à avoir une chance de figurer à ce second tour : deux favoris, François Hollande et Nicolas Sarkozy ; deux outsiders, François Bayrou et Marine Le Pen.

Quatre postulants pour deux places en finale : dans cette campagne qui s'engage, quelles sont leurs faiblesses et leurs atouts respectifs ?

vendredi 18 novembre 2011

Accord PS - EELV sur le nucléaire : à qui profite le crime ?

Source : www.frontdegauche-pcfguac-idf.org

L'accord conclu entre le PS et Europe Ecologie Les Verts prévoit la fermeture, d'ici à 2025, de 24 réacteurs nucléaires sur 58, ainsi que l'engagement de ne pas lancer d'études pour de nouveaux réacteurs. Pour simplifier, c'est la mort programmée, mais à petit feu, de la filière nucléaire française.

lundi 31 octobre 2011

Le mythe du "péril jaune" est-il de retour ?

Couverture du magazine Tout savoir, avril 1965

Les réactions, très majoritairement hostiles, de l'opinion française à l'idée que la Chine pourrait contribuer à sauver l'euro (et l'Europe) en prêtant au Fonds Européen de Stabilité Financière (FESF) en sont une nouvelle illustration : la Chine et les Chinois sont en train de devenir pour nombre de Français, encouragés dans cette voie par les discours de certains de nos politiques, le nouvel épouvantail de l'Europe.

On pourrait se croire revenu à la fin du XIXème siècle, quand une grande partie de l'opinion européenne (et américaine) s'alarmait du "péril jaune", redoutant que les peuples d'Asie ne s'apprêtent à envahir le monde et à détruire notre civilisation.

samedi 29 octobre 2011

Hollande : 8 erreurs majeures à éviter



François Hollande a gagné la première bataille, la primaire du PS. La deuxième sera moins facile : ce sera celle de 2012. Et la troisième, s'il franchit cet obstacle, sera bien entendu la plus difficile, et celle qui importe vraiment : ce sera celle du prochain quinquennat.

Il doit maintenant dire où, et comment, il entend conduire la France.

Parmi les thèmes évoqués soit par lui-même, soit par les autres candidats au cours de la campagne des primaires, j'en ai retenu huit sur lesquels il devra, pour réussir, éviter de commettre des erreurs majeures, soit en paroles, soit en actes.

1. L'Europe
2. L'anti-mondialisme
3. La "sortie du nucléaire"
4. L'impôt sur le revenu
5. La fiscalité du patrimoine
6. La fiscalité des entreprises
7. L'enseignement
8. Le contrôle des banques
9. Pour conclure

jeudi 1 septembre 2011

Euthanasie : faut-il modifier la loi ?


La mort et le Bûcheron, Core, 2006

"Le trépas vient tout guérir ;
Mais ne bougeons d'où nous sommes :
Plutôt souffrir que mourir,
C’est la devise des hommes. "
La Mort et le Bûcheron, Jean de La Fontaine. 
"Qu'on me rende impotent,
Cul-de-jatte, goutteux, manchot, pourvu qu'en somme
Je vive, c'est assez, je suis plus que content.
Ne viens jamais, ô Mort."
La Mort et le Malheureux, Jean de La Fontaine
"Mais il n'y a pas que la souffrance physique, il y a le handicap insurmontable, la dépendance, la déchéance, la perte progressive de ses capacités intellectuelles, l'immobilité obligée, l'asphyxie, l'isolement, le refus d'être à la charge de ses enfants ou de la société, l'ennui, l'angoisse, l'humiliation, la lassitude, l'épuisement, le dégoût de soi et de tout... Vouloir quitter la vie dans ces conditions, ce n'est pas la trahir ; c'est protéger une certaine idée que l'on s'en fait, qui ne va pas sans dignité et liberté."
André Comte-Sponville, cité par l'association POLLENS 

jeudi 25 août 2011

Vous reprendrez bien un peu de DSK ?


Nous sommes submergés, ad nauseam, par les commentaires sur l'affaire DSK. Ca devient franchement insupportable et répugnant : la Libye est en révolution, on massacre la population en Syrie, on meurt de faim en Somalie, la tension monte entre l'Egypte et Israël, le chômage s'aggrave, et les journaux, la radio, la télé, nous rebattent les oreilles à longueur de temps avec un fait divers certes passionnant, comme beaucoup de faits divers, mais qui n'est qu'un fait divers sordide : une affaire de sexe impliquant un ancien directeur général du FMI et ancien ministre français, affaire dont le dernier épisode en date est une décision de non-lieu prononcée par le juge en charge de l'affaire.

Je sais, j'en rajoute une couche en écrivant ce post ... Je me rassure en me disant que je n'écris que pour moi : le mal est donc limité.

C'est vrai, au fond, que les faits divers sont passionnants. Parfois par le caractère de feuilleton, ou de roman policier, de leur déroulement. Parfois du fait de la personnalité de leurs protagonistes, et de leur familiarité avec le public. Souvent par les commentaires qui l'entourent. Mais aussi, presque toujours, par ce qu'ils nous disent sur nous-mêmes, nos congénères et notre société en général. Au total le fait divers, parce qu'il touche au domaine de l'interdit et de la transgression, passionne au-delà du raisonnable dès lors qu'il résonne avec quelque chose de profond chez les gens.

mardi 23 août 2011

Propositions pour une réforme fiscale


Du fait de la crise de la dette publique et des risques de récession économique, la question fiscale est en train de devenir centrale pour l'élection présidentielle de 2012.

Il va en effet falloir à la fois revenir rapidement, et durablement, vers l'équilibre budgétaire, et mettre en place les conditions de la reprise de la croissance : l'équation est sans aucun doute difficile à résoudre, et passe nécessairement - c'est en tout cas ma conviction - par une augmentation, au moins temporaire, des recettes fiscales.

Il est donc doublement nécessaire de rééquilibrer les prélèvements fiscaux en faveur des revenus les plus faibles. D'abord pour une question de justice : car je suis de ceux qui trouvent injuste que les prélèvements fiscaux et para-fiscaux (y compris cotisations sociales) ne soient pas au moins proportionnels aux revenus réels pour tous les citoyens ; et ce ne semble pas être aujourd'hui le cas en France (cf. les travaux de Landais, Piketty et Saez, dont les propositions sont très largement discutables, mais dont les constats ne semblent pas avoir été contestés). Mais aussi parce que l'efficacité économique le commande : réduire le pouvoir d'achat des revenus les plus faibles aurait très certainement un effet désastreux sur la croissance.

jeudi 18 août 2011

De la dette publique et de son remboursement ... éventuel (6ème et dernier épisode)

6. Quelques citations sur les dettes
"On ne meurt pas de dettes. On meurt de ne plus pouvoir en faire." (attribué à Céline)

"Le plus gros avantage de la richesse, c'est qu'elle permet de faire des dettes." (attribué à Oscar Wilde)

"Le carême est court pour celui qui a une dette à payer à Pâques." (Proverbe espagnol)

"If I owe you a pound, I have a problem; but if I owe you a million, the problem is yours." (attribué à John Maynard Keynes)

De la dette publique et de son remboursement ... éventuel (5ème épisode)

5. Finalement, que faire pour en sortir ?

(voir l'épisode précédent)


Je n'ai évidemment pas la recette pour sortir de cette crise de l'endettement des Etats européens. J'ai seulement quelques convictions.

1. De même qu'une entreprise ne peut rembourser ses créanciers qu'avec le supplément de richesse créé par ses investissements, un Etat ne peut payer les intérêts de ses dettes qu'avec de la croissance (et malheureusement pas avec de l'inflation, car cette dernière allège certes le poids de la dette, mais accroît celui des intérêts, à cause de l'augmentation des taux qui l'accompagne, et aggrave in fine le problème). L'objectif numéro 1 de toute politique publique doit donc être la croissance, mais, dans la situation actuelle, une croissance sans accroissement de la dette publique, ce qui est évidemment un exercice difficile.

2. Pour cela, il faudra bien évidemment des augmentations d'impôt. Ceux qui disent le contraire sont des menteurs.

De la dette publique et de son remboursement ... éventuel (4ème épisode)

4. Et la "règle d'or" dans tout cela ?

(voir l'épisode précédent)



Il semble que cette chose mystérieuse qu'on appelle "les marchés" n'ait pas été convaincue par les déclarations d'Angela Merkel et de Nicolas Sarkozy promettant la mise en place de la fameuse (fumeuse ?) "règle d'or" pour l'ensemble des pays de la Zone Euro.

On peut les comprendre.

La "règle d'or", ça consisterait à inscrire dans la Constitution des règles prévoyant un retour progressif à l'équilibre budgétaire : le Parlement serait ainsi contraint de ne voter que des budgets conduisant, sur trois ans, au retour à l'équilibre des comptes publics ("sauf circonstances exceptionnelles", bien sûr).

Venant de dirigeants qui s'étaient eux-mêmes engagés, dans le Traité de Maastricht, à ne pas dépasser un déficit de 3% du PIB (ce qui est pourtant, arithmétiquement, moins contraignant que 0%), et qui se sont allégrement assis sur cet engagement (pour de bonnes et de mauvaises raisons), cela peut en effet faire sourire.

De la dette publique et de son remboursement ... éventuel (3ème épisode)

3. Les Etats peuvent-ils payer les intérêts de leur dette ?

(voir l'épisode précédent)

J'ai indiqué plus haut que les Etats ne remboursaient jamais leur dette, mais qu'ils devaient néanmoins payer les intérêts de cette dette.

Il est donc indispensable de s'assurer qu'un Etat a la capacité de payer durablement ces intérêts (d'où, encore une fois, l'utilité d'agences de notation indépendantes des dits Etats). Et qu'est-ce qui détermine cette capacité ?

Pour simplifier, trois éléments déterminent la capacité d'un Etat à payer les intérêts de sa dette :
• le niveau de la dette
• les taux d'intérêt
• sa capacité présente et future de prélever une part des revenus de ses administrés suffisante pour assurer le service de la dette en sus des autres dépenses de l'Etat.

De la dette publique et de son remboursement ... éventuel (2ème épisode)

2. Un Etat doit-il vraiment rembourser ses dettes ?

(voir le début)

Je me suis posé la question suivante : un Etat doit-il vraiment rembourser ses dettes ?

Au fond, je crois que la réponse est non (même si je ne mets pas en doute le fait qu'il doit donner l'impression d'être capable de le faire).

Un particulier qui emprunte a (en général) un projet, et une vie finie (au sens de non éternelle). Le prêteur s'attend donc a être effectivement remboursé, et s'assure que l'emprunteur a des revenus suffisants pour le rembourser dans les délais prévus.

De même, une entreprise, personne morale mais néanmoins mortelle (au sens de non immortelle), qui emprunte le fait (en principe) pour financer un ou des investissements, dont le revenu doit lui donner les moyens de rembourser ses créanciers. Là encore, chaque créancier entend bien être remboursé de son prêt à l'échéance, puisque la mort de l'entreprise signifierait pour lui (en simplifiant) la perte de sa créance.

De la dette publique et de son remboursement ... éventuel (1er épisode)


La dette publique est à la mode. En plus d'être à la mode, elle est énorme. Obèse, pourrait-on dire. Ces temps-ci, elle occupe même tout l'espace.

Jusqu'à récemment, comme lorsqu'on se pressent atteint d'une grave maladie, on le savait, mais on essayait de ne pas la voir, en espérant que quelque chose se passe, un miracle, la fin du monde, ou je ne sais quoi, qui la fasse disparaître avant que les médecins ne la diagnostiquent. Désormais, elle est repérée. Certains essaient encore de croire, ou de faire croire, que c'est un complot, un odieux mensonge répandu par les méchants "marchés financiers", les démoniaques agences de notation financière et leurs miroirs déformants. Mais il faut se rendre à l'évidence : elle est là, bien là, tout le monde la voit, et on ne peut plus faire l'autruche.

Alors, comme pour n'importe quel individu en surpoids, chacun y va de son remède : se mettre au régime sans graisse et sans sucre, faire payer les riches (mais ils ne sont pas assez nombreux), faire payer les pauvres (mais ils ne sont pas assez riches), mélanger ensemble toutes les dettes européennes, les bonnes et les mauvaises, en espérant que ça en réduira le coût par une alchimie miraculeuse (vu de loin, ça ressemble aux mélanges aphrodisiaques qui ont conduit à la crise des subprimes), taxer les flux financiers (le jour où tout le monde sera d'accord pour le faire), faire des réunions, des promesses et des communiqués (au moins ça ne coûte rien, ou pas grand chose), ...

lundi 15 août 2011

Martine Aubry contre la crise


Dans le JDD de ce dimanche, Martine Aubry propose trois mesures pour lutter contre la crise : "pour réduire l'endettement, supprimer 10 milliards de niches fiscales sur les 70 milliards créés depuis 2002", "pour relancer la croissance, baisser à 20% l'impôt sur les sociétés qui réinvestissent notamment les PME et le monter à 40% pour celles qui privilégient les dividendes", "financer un plan d'action pour l'emploi des jeunes" (voir aussi sa tribune dans Le Monde du 13 août).

La première mesure constitue une augmentation de l'impôt pour les bénéficiaires des niches en question : comme ce sont a priori (au moins en moyenne) ceux dont le pouvoir contributif est le plus élevé, cela me paraît de bon sens dans son principe. Dans sa tribune du Monde, Martine Aubry réaffirme également sa volonté d'aligner la fiscalité des revenus du capital et celle des revenus du travail : je souscris - même si j'ai les plus grandes réserves par ailleurs sur la "profonde réforme de la fiscalité" qu'elle semble vouloir promouvoir. J'attends par exemple avec impatience que Martine Aubry nous annonce que, dans le cadre de la suppression des niches fiscales injustifiées, elle propose de réintégrer les oeuvres d'art dans l'assiette de l'ISF.

La troisième mesure me semble également justifiée, même si ce genre d'instrument est coûteux, délicat à manier, et comporte des risques (par exemple la substitution d'emplois subventionnés à des emplois ordinaires). Mais cela vaut le coup d'être tenté, à condition qu'on se donne l'obligation de faire des bilans réguliers de l'efficacité réelle de la mesure.

J'ai en revanche des préventions extrêmes contre la deuxième mesure préconisée, comme je l'ai déjà indiqué ici.

dimanche 17 juillet 2011

La musique qui marche au pas ...

"Le jour du 14 juillet
Je reste dans mon lit douillet
La musique qui marche au pas
Cela ne me regarde pas.

Je ne fais pourtant de tort à personne
En n'écoutant pas le clairon qui sonne
Mais les braves gens n'aiment pas que
L'on suive une autre route qu'eux. "

(Georges Brassens, la mauvaise réputation)


Ce 14 juillet, Eva Joly a suscité une jolie polémique en déclarant :
"Je pense que le temps est venu de supprimer les défilés militaires du 14 juillet, parce que ça correspond à une autre période. J'ai rêvé que nous puissions remplacer ce défilé [militaire] par un défilé citoyen où nous verrions les enfants des écoles, où nous verrions les étudiants, où nous verrions aussi les seniors défiler dans le bonheur d'être ensemble, de fêter les valeurs qui nous réunissent".

dimanche 19 juin 2011

Que ce monde demeure !

(Yves Bonnefoy)
Zao Wou Ki
I

Je redresse une branche
Qui s'est rompue. Les feuilles
Sont lourdes d'eau et d'ombre
Comme ce ciel, d'encore

Avant le jour. Ô terre,
Signes désaccordés, chemins épars,
Mais beauté, absolue beauté,
Beauté de fleuve,

Que ce monde demeure,
Malgré la mort!
Serrée contre la branche
L'olive grise.


dimanche 22 mai 2011

La fiction de la présomption d'innocence


Article 9-1 du code civil :

"Chacun a droit au respect de la présomption d’innocence. Lorsqu’une personne est, avant toute condamnation, présentée publiquement comme coupable de faits faisant l’objet d’une enquête ou d’une instruction judiciaire, le juge peut, même en référé, sans préjudice de la réparation du dommage subi, prescrire toutes mesures, telles que l’insertion d’une rectification ou la diffusion d’un communiqué, aux fins de faire cesser l’atteinte à la présomption d’innocence, et ce aux frais de la personne, physique ou morale, responsable de cette atteinte."
Ce qu'il est convenu d'appeler l'"affaire DSK" aura été à de multiples égards, par les réactions qu'elle a suscitées, un révélateur : de l'extraordinaire facilité avec laquelle s'est répandue la fable, lancée par quelques uns, de la prétendue supériorité du système judiciaire français sur l'américain ; de l'invraisemblable ampleur du machisme ambiant en France ; du sidérant aveuglement, et de l'inconsciente, mais pas moins indécente pour autant, solidarité de classe, d'une grande partie des élites intellectuelles françaises, y compris celles dont on attendait des paroles justes (je pense à Jean Daniel ou à Robert Badinter) ... Voir par exemple ici .

samedi 21 mai 2011

Citations fiscales

"La réforme fiscale, c'est quand vous promettez de réduire les impôts sur les choses qui étaient taxées depuis longtemps et que vous en créez de nouveaux sur celles qui ne l'étaient pas encore."
(Edgard Faure)

"Il y a une chose pire que de payer l'impôt sur le revenu, c'est de ne pas en payer."
(Auteur inconnu)

"Les conneries c'est comme les impôts, on finit toujours par les payer."
(Michel Audiard)

"The income tax has made more liars out of the American people than golf has."
(Will Rogers)

"A fine is a tax for doing something wrong. A tax is a fine for doing something right."
(Author Unknown)

Nouvelles considérations sur la fiscalité (suite et fin provisoire)

Les considérations qui suivent m'ont été inspirées notamment par l'ouvrage de Landais, Piketty et Saez Pour une révolution fiscale (voir aussi le site éponyme), par les propositions des partis politiques français, et par les débats qui les ont entourés.

Ce billet est le troisième (et dernier, pour l'instant) de la série (voir ici le précédent).


Le système du "quotient familial" pour le calcul de l'impôt sur de revenu est-il équitable ?

jeudi 19 mai 2011

Les Indégivrables vont dans le Monde


Depuis quelques jours les Indégivrables, ces drôles de pingouins qui ressemblent tellement à des humains, paraissent tous les jours dans le Monde de papier - en page 2 pour être précis.

Bien sûr, je félicite chaleureusement le papa (Xavier Gorce) - pas trop chaleureusement quand même, pour ne pas aggraver la fonte de la banquise. J'imagine que ça lui a fait plaisir, et je comprends qu'un auteur soit heureux de voir son oeuvre ainsi reconnue et diffusée.

Mais au fond de moi, très égoïstement, je suis un peu triste.

samedi 14 mai 2011

Les jeux d'argent : un scandale d'Etat


Deux événements me semblent être passés assez inaperçus ces derniers jours, qui pourtant en disent long sur notre société.

Depuis début mai 2011, le tirage du jeu Euro Millions, qui était hebdomadaire, est devenu bi-hebdomadaire. Dans le même temps, la Française des Jeux, entreprise publique, offre 5 jeux gratuits à tout nouvel abonné à son site internet. Ce n'est sans doute pas un hasard si ces opérations sont lancées peu de temps après la libéralisation des jeux d'argent en ligne (loi du 12 mai 2010).

Le cadeau de Noël du fisc aux assujettis à l'ISF

(ou : des effets surprenants des seuils en fiscalité)

J'ai expliqué ici pourquoi je considérais l'ISF comme un mauvais impôt, et par quoi il faudrait, à mon sens, le remplacer. Je ne commente pas non plus le "cadeau aux plus riches" que constitue, malgré la suppression du bouclier fiscal, la réforme préparée par le gouvernement Fillon. Ce à quoi je m'intéresse ici, c'est à la formule concoctée par le gouvernement pour le nouvel ISF, et à ses curieux effets.

Ce nouvel ISF illustre de façon assez caricaturale l'absurdité d'un système "à seuils" qui n'est pas un système "à tranches", comme le sont par exemple les barèmes actuels de l'impôt sur le revenu ou de l'ISF, dans lesquels chaque taux ne s'applique qu'à la fraction du revenu (ou du patrimoine) excédant le seuil d'application de ce taux, et non au revenu (ou au patrimoine) total.

vendredi 13 mai 2011

Nouvelles considérations sur la fiscalité (suite)


Les considérations qui suivent m'ont été inspirées notamment par l'ouvrage de Landais, Piketty et Saez Pour une révolution fiscale (voir aussi le site éponyme), par les propositions des partis politiques français, et par les débats qui les ont entourés.

Ce billet est le deuxième de la série (voir ici le précédent).

Est-il judicieux de passer à un "prélèvement à la source" de l'impôt sur le revenu ?

Nos "révolutionnaires" Piketty et al. - ils ne sont pas les seuls, loin de là - préconisent le remplacement du bon vieux système déclaratif pour le calcul de l'impôt sur le revenu par un prélèvement à la source.

L'idée peut sembler séduisante : plutôt que chacun reçoive de l'argent de son employeur ou de son banquier, et en rende une partie au fisc, ne serait-il pas plus simple en effet que l'employeur ou le banquier fasse lui-même l'opération (comme il le fait déjà pour la CSG, ou pour le prélèvement forfaitaire joliment dénommé "libératoire" sur les revenus financiers) ?

L'idée, outre son inutilité, voire sa nocivité, est malheureusement totalement absurde, et il serait extraordinairement surprenant que cela se fasse un jour.

mardi 10 mai 2011

La main de Mitterrand


Je ne me souviens pas très précisément du 10 mai 1981. Comme tout le monde ou presque, j'ai assisté à la télévision à l'apparition progressive du visage de François Mitterrand (quelle trouvaille, cette image d'un front dégarni qui aurait pu être celui de l'autre ...). J'étais presque certain de la victoire, j'avais analysé à fond les résultats du premier tour, il n'y avait guère de doute sur l'issue. Mais tout de même, on ne savait jamais. Ca a été un soulagement de voir et d'entendre le résultat, et un moment de pur bonheur.

dimanche 8 mai 2011

Nouvelles considérations sur la fiscalité

Le sujet de la fiscalité est techniquement complexe, car il porte sur un nombre extrêmement élevé d'objets qui interagissent les uns avec les autres ; il est sensible, car il touche tout le monde là où ça fait mal, c'est-à-dire au portefeuille ; il est fondamental, car les décisions sur la fiscalité ont un impact direct sur chaque citoyen et des impacts indirects potentiellement majeurs sur l'économie dans son ensemble, et sont probablement les actes les plus importants d'un gouvernement (après les déclarations de guerre qui, heureusement, sont beaucoup moins fréquentes) ; il est enfin inépuisable, du fait des caractéristiques précédentes : toutes choses qui en font un excellent thème de débats, notamment en période électorale.

vendredi 22 avril 2011

Les 30 propositions du PS : combien ça vaut ?


Le PS a publié ses "30 propositions" en vue de la présidentielle de 2012.

Les 30 propositions du PS : combien ça vaut ? (propositions 25 à 30)

Le PS a publié ses "30 propositions" en vue de la présidentielle de 2012.

Chaque proposition est notée sur une échelle de 0 à 10. Chaque note est accompagnée de commentaires.

(propositions précédentes) (suite et fin)
===============================================


"25. Pour lutter contre les discriminations, nous généraliserons les CV anonymes, sans nom ni photo et nous expérimenterons un système d’attestations remises par les policiers lors des contrôles d’identité."

jeudi 21 avril 2011

Les 30 propositions du PS : combien ça vaut ? (propositions 17 à 24)

Le PS a publié ses "30 propositions" en vue de la présidentielle de 2012.
Chaque proposition est notée sur une échelle de 0 à 10. Chaque note est accompagnée de commentaires.

(propositions précédentes) (propositions suivantes)
===============================================
"17. Pour la réussite scolaire de chaque jeune, nous conclurons un nouveau pacte éducatif entre les professeurs et la Nation. Il mettra l’accent sur le primaire et les premiers cycles d’enseignement supérieur qui sont les fragilités les plus grandes de notre système. Il sera fondé sur une refonte des rythme scolaires et des programmes, une personnalisation accrue des enseignements et une revalorisation du métier d’enseignant. Un droit à la formation initiale différée sera accordé à ceux qui ont quitté le système scolaire de manière précoce."
Note : 8/10

Pour. L'éducation, et en particulier celle des plus jeunes, doit être la première priorité d'un gouvernement, parce qu'elle conditionne l'avenir des enfants et celui de la société toute entière. L'une des conditions est que les enseignants redeviennent respectés par le corps social, à la fois en tant qu'institution et en tant que personnes. Cela suppose notamment que le métier d'enseignant soit socialement revalorisé pour l'ensemble des classes d'âge, ce qui passe notamment par l'amélioration des rémunérations.

lundi 18 avril 2011

Les 30 propositions du PS : combien ça vaut ? (propositions 8 à 16)

Le PS a publié ses "30 propositions" en vue de la présidentielle de 2012.

Chaque proposition est notée sur une échelle de 0 à 10. Chaque note est accompagnée de commentaires.

(propositions précédentes) (propositions suivantes)
===============================================


"8. Pour encourager les comportements écologiques, nous rendrons la TVA « éco-modulable » (diminuée sur les produits non-polluants et augmentée sur les produits polluants)."
Note : 7/10

Pour. Le principe du bonus-malus écologique est a priori un bon moyen pour orienter la consommation vers les produits les moins polluants.

vendredi 15 avril 2011

Les 30 propositions du PS : combien ça vaut ? (propositions 3 à 7)

Le PS a publié ses "30 propositions" en vue de la présidentielle de 2012.

Chaque proposition est notée sur une échelle de 0 à 10. Chaque note est accompagnée de commentaires.

(voir propositions précédentes) (voir propositions suivantes)
===============================================

"3. Pour que l’Europe puisse innover, nous proposerons à nos partenaires d’émettre des emprunts européens (eurobonds) afin de financer les investissements du futur (réseaux de transport d’énergie, réseaux numériques, biotechnologies...) et les champions industriels de demain."

jeudi 14 avril 2011

Les 30 propositions du PS : combien ça vaut ?


Le PS a publié ses "30 propositions" en vue de la présidentielle de 2012.

Ces propositions feront probablement partie du programme du candidat socialiste en 2012 : elles méritent donc qu'on s'y intéresse de près.

Ce n'est pas un chiffrage financier de ces propositions que je tente ici, mais une évaluation, au sens scolaire, de la copie, manifestement sérieuse et appliquée. Mes critères de notation sont évidemment subjectifs. Je me suis efforcé néanmoins de me fonder sur :
  • le bon sens
  • l'évaluation des conséquences possibles, en termes économiques en particulier
  • mon "système de valeurs" personnel,
et de justifier mes choix.

Chaque proposition est notée sur une échelle de 0 à 10. Chaque note est accompagnée de commentaires.
===============================================

mardi 12 avril 2011

Le champ du possible

     N'aspire pas, ô mon âme, à la vie immortelle, mais épuise le champ du possible !
     (Pindare, Pythiques, 3, 110)

vendredi 1 avril 2011

Quelques atomes de réflexion ...

... sur l'énergie en général et l'énergie nucléaire en particulier (1).


Au-delà de l'émotion, nécessaire et légitime, l'accident de la centrale nucléaire de Fukushima Dai-Ichi doit bien évidemment amener à s'interroger sur le présent et l'avenir de l'industrie nucléaire, en France comme ailleurs.

S'interroger, cela suppose d'abord renoncer à instrumentaliser cette catastrophe, par exemple à des fins électoralistes ou mercantiles.

Quelques atomes de réflexion ...

... sur l'énergie en général et l'énergie nucléaire en particulier (2).

Peut-on améliorer la maîtrise des risques du nucléaire ?


• L'analyse du risque doit être globale. A partir d'un certain niveau de sophistication, l'augmentation de la maîtrise technicienne des risques peut être contrebalancée par une diminution de leur maîtrise humaine. L'exemple de la crise des subprimes est édifiant à cet égard : la sophistication extrême des modèles, en donnant l'impression d'une parfaite maîtrise des risques, a occulté l'existence d'un risque majeur mais invisible parce que situé au-delà des modèles. Il en va de même pour les installations industrielles complexes : le rapport Roussely sur la filière nucléaire française avait d'ailleurs attiré l'attention sur ce risque dans le cas de l'EPR.

Quelques atomes de réflexion ...

... sur l'énergie en général et l'énergie nucléaire en particulier (3).

L'énergie parfaite (sûre, bon marché, sans dommage pour l'environnement) existe-t-elle ?

• Il y a un large consensus sur l'intérêt pour la collectivité des économies d'énergie. Il est douteux néanmoins qu'une croissance suffisante pour revenir à des taux de chômage acceptables partout dans le monde soit compatible avec une réduction de la consommation d'énergie : il faudra donc bien produire davantage, et pour longtemps encore, malgré les efforts considérables déjà réalisés et ceux qui restent à réaliser pour réduire les consommations tout en améliorant le bien-être des gens.

Quelques atomes de réflexion ...

... sur l'énergie en général et l'énergie nucléaire en particulier (4)

Un contrôle des citoyens est-il souhaitable, possible, et sous quelle forme ?


• Compte tenu de l'ampleur des enjeux pour les citoyens, de leur nécessaire contribution financière en tant que contribuables, et des intérêts économiques en jeu, y compris en termes d'emploi, les réflexions ne peuvent pas être limitées à des débats d'experts. Et les décisions ne peuvent pas être exclusivement fondées sur l'économie et la technique - même si elles doivent impérativement les prendre en compte complètement et en toute transparence. Il doit y avoir débat public.

dimanche 13 mars 2011

Marine et le tsunami


Certains semblent s'étonner de l'ampleur et de la rapidité de la montée de Marine Le Pen dans les sondages. C'est leur étonnement qui est étonnant.

Voilà des mois que la "stratégie" électorale de Sarkozy et d'une partie de l'UMP consiste à reprendre les thèmes favoris du Front National, en particulier ceux concernant l'immigration et l'islam. L'idée était simple : il s'agissait de couper l'herbe sous le pied du FN et de sa présidente, et d'aspirer son électorat vers Nicolas Sarkozy, comme François Mitterrand l'avait fait en son temps, avec succès, pour le Parti Communiste.

samedi 19 février 2011

Eric Zemmour, les Noirs, les Arabes et Marine Le Pen

"Ceux qui, par l'un des moyens énoncés à l'article 23 [en substance : expression publique sous quelque forme que ce soit] auront provoqué à la discrimination, à la haine ou à la violence à l'égard d'une personne ou d'un groupe de personnes à raison de leur origine ou de leur appartenance ou de leur non-appartenance à une ethnie, une nation, une race ou une religion déterminée, seront punis d'un an d'emprisonnement et de 45 000 euros d'amende ou de l'une de ces deux peines seulement." (Loi du 29 juillet 1881, article 24).
Je pense qu'il faut se réjouir qu'Eric Zemmour ait été condamné pour "provocation à la discrimination raciale", même si, malheureusement, cette condamnation ne va certainement pas contribuer à assainir le climat.

lundi 14 février 2011

Où est la voie ?

     Il vaut mieux suivre le bon chemin en boitant que le mauvais d'un pas ferme.
     (Saint Augustin)

     Un intellectuel assis va moins loin qu'un con qui marche.
     (Michel Audiard)

dimanche 6 février 2011

Mourir pour des idées ?

       Mourir pour des idées, d'accord, mais de mort lente.        
       (Georges Brassens)

vendredi 4 février 2011

Pour une fiscalité plus juste, suite

Le bouclier fiscal
Une évolution vers un système fiscal plus juste consisterait à aligner la fiscalité des revenus du capital et celle des plus-values réalisées à l'occasion de la vente d'actifs, mobiliers ou immobiliers, sur celle des revenus du travail. Cet alignement, qui se traduirait par une augmentation et une homogénéisation de la fiscalité sur les revenus du capital de toute nature, aurait pour contrepartie une diminution de l'impôt sur le capital détenu, impôt économiquement absurde et parfois injuste, et dont les effets pervers doivent être corrigés par des dispositifs tout aussi injustes (comme le célèbre "bouclier fiscal" ou les diverses exonérations).

Une autre évolution, qui pourrait aussi constituer une contrepartie à une moindre taxation du capital immobile, consisterait à accroître significativement la fiscalité pesant sur les donations et les successions - et en particulier sur les donations et successions familiales.

Traduttore, Traditore

L'autre jour, je suis tombé par hasard sur les traductions françaises successives de la première phrase de Moby-Dick, le roman de Melville.

J'ai été frappé par la diversité de ces traductions, malgré leur relative proximité temporelle (elles ont toutes été publiées entre 1941 et 2006). L'expression "the watery part of the world" devient ainsi "le monde de l'eau", "les étendues marines de ce monde", "l'étendue océanique du globe", "l'étendue liquide du globe", "le monde marin" ...

J'ai réalisé à quel point un traducteur est un interprète, comme l'est un chanteur d'une chanson dont il n'est pas l'auteur : avec sa sensibilité, sa compréhension du texte, ses références, son style, sa personnalité tout simplement ...

jeudi 27 janvier 2011

Penser contre soi

         C'est de leurs ennemis que les sages apprennent le plus.
         (Aristophane, "Les Oiseaux")

Dis-moi, Céline

Céline à Meudon
Non, il ne s'agit pas de la chanson d'Hugues Aufray, mais de Louis-Ferdinand Destouches, dit Céline, dont 2011 marquera, célébré ou pas, le cinquantième anniversaire de la mort.

Les années ont passé, mais les polémiques demeurent. Alors fallait-il, ou fallait-il ne pas, inclure Céline, romancier génial côté pile, antisémite virulent et obsessionnel côté face, dans la liste des personnalités que la République va "célébrer" en 2011, aux côtés de Blaise Cendrars, de Frantz Fanon, de Michel Foucault, d'Alain Robe-Grillet, de Marguerite Monnot (auteure des musiques de nombreuses chansons d'Edith Piaf, dont les sublimes "Hymne à l'amour" et "Milord"), d'Yves Saint-Laurent et d'Astérix, pour ne citer que quelques noms de la "promotion 1961" ?

vendredi 21 janvier 2011

Pour une fiscalité plus juste


Imaginons un système fiscal où :

- tous les revenus du capital (dividendes, intérêts, loyers, etc.) et toutes les plus-values (au-delà de l'inflation) seraient traités fiscalement comme les revenus du travail (impôt progressif sur le revenu, CSG, etc.) - y compris la plus-value sur la résidence principale
- en contrepartie, la fiscalité sur la possession du capital (ISF en particulier) serait réduite.

jeudi 13 janvier 2011

Surendettement


Comme Stéphane Hessel (même si je me méfie, par nature, des engouements collectifs comme des mots d'ordre d'où qu'ils viennent), je crois aussi qu'il existe des choses qui méritent qu'on s'indigne. Ca ne sert peut-être pas à grand chose, mais peut-être qu'à la fin l'expression d'une multitude d'indignations individuelles a une petite chance d'infléchir un peu le cours naturel des choses. Et c'est aussi une forme d'hygiène mentale et citoyenne.

mercredi 12 janvier 2011

Faut-il s'indigner ?

      Dans ce monde, il y a des choses insupportables.
      (Stéphane Hessel, "Indignez-vous !", Indigène)

jeudi 6 janvier 2011

C'est une chose étrange à la fin que le monde

Que la vie en vaut la peine

C'est une chose étrange à la fin que le monde
Un jour je m'en irai sans en avoir tout dit
Ces moments de bonheur ces midis d'incendie
La nuit immense et noire aux déchirures blondes.

Rien n'est si précieux peut-être qu'on le croit
D'autres viennent. Ils ont le cœur que j'ai moi-même
Ils savent toucher l'herbe et dire je vous aime
Et rêver dans le soir où s'éteignent des voix.

mardi 4 janvier 2011

De la musique avant toute chose

     - Que recherchez-vous, Monsieur, dans la musique ?
     - Je cherche des regrets et des pleurs.
     (Pascal Quignard, "Tous les matins du monde", Gallimard)

lundi 3 janvier 2011

Derniers tableaux


Van Gogh, Champ de blé aux corbeaux, 1890
J'ai toujours été frappé par ce tableau de Van Gogh, généralement présenté comme son dernier, ou l'un de ses tout derniers, avant son suicide en 1890 à 37 ans. Pour moi c'est l'un des plus beaux. Il traduit et transmet de façon extraordinaire au spectateur, à la fois cette angoisse que Van Gogh ressentait peut-être à ce moment, un chemin (d'autres chemins auraient été possibles, le sont presque encore) qui va peut-être quelque part, peut-être vers le ciel (mais un ciel si sombre, bien qu'il soit bleu, qu'on a du mal à croire qu'il puisse être la source d'un bonheur éternel), ou qui peut-être ne va nulle part et disparaît dans les blés, cet envol de corbeaux qui pourrait être joyeux et qui n'est que sinistre, mais aussi, en même temps, une sorte d'apaisement, une sensation d'équilibre, de sérénité et d'achèvement - qu'aurait-il pu peindre encore après ce tableau ?