vendredi 15 avril 2011

Les 30 propositions du PS : combien ça vaut ? (propositions 3 à 7)

Le PS a publié ses "30 propositions" en vue de la présidentielle de 2012.

Chaque proposition est notée sur une échelle de 0 à 10. Chaque note est accompagnée de commentaires.

(voir propositions précédentes) (voir propositions suivantes)
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"3. Pour que l’Europe puisse innover, nous proposerons à nos partenaires d’émettre des emprunts européens (eurobonds) afin de financer les investissements du futur (réseaux de transport d’énergie, réseaux numériques, biotechnologies...) et les champions industriels de demain."
Note : 10/10

Pour. L'idée du "grand emprunt" étendue à la maille européenne. Avantages : renforcement de l'Europe, "puissance de feu" plus importante grâce à une mise en commun de ressources, orientation de l'épargne européenne vers des projets d'avenir, instrument de convergence et de solidarité européenne, ...

Contre. Il faudra être vigilant sur l'allocation des ressources ainsi collectées.

Conclusion. Une bonne idée. Le diable sera dans les détails.
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"4. Pour l’emploi des jeunes, nous créerons 300 000 « emplois d’avenir » dans les domaines de l’innovation environnementale et sociale."
Note : 8/10

Pour. Il est juste que, dans une période de chômage élevé, l'Etat consacre des ressources à la réduction du chômage des jeunes en favorisant leur accès à des emplois, à condition qu'il s'agisse d'emplois utiles et si possible pérennes.

La mesure proposée serait financée par la suppression de la détaxation des heures supplémentaires, qui ne contribue pas à réduire le chômage, voire l'accroît.

Il s'agit d'une "voie intermédiaire entre la création massive de postes de fonctionnaires et le recours à des contrats aidés précaires" .

La mesure proposée est proche des "emplois jeunes" du gouvernement Jospin, qui avaient donné des résultats positifs.

Contre. Le coût de cette mesure est très élevé : 4 milliards d'euros par an. Ces emplois coûteraient plus cher que des emplois subventionnés dans le secteur privé.

L'efficacité réelle de la mesure est disputée par certains experts. Une partie au moins des bénéficiaires auraient trouvé un emploi sans ce dispositif.

Conclusion. Une bonne mesure, qui doit être considérée comme un dispositif d'insertion.
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"5. Pour protéger les salariés, nous dissuaderons les licenciements boursiers par des pénalités financières pour les entreprises qui en même temps versent des dividendes à leurs actionnaires."
Note : 7/10

Pour. Il n'est pas illégitime, en particulier en période de chômage élevé, de rendre le coût des licenciements plus élevé pour une entreprise en bonne santé financière : cela accroît son incitation à mobiliser elle-même les ressources nécessaires à la poursuite ou à l'adaptation de l'activité concernée. Il serait en revanche très contre-productif de revenir à des mesures bureaucratiques telles que l'autorisation administrative préalable.

Contre. Le versement de dividendes n'est pas un critère de mesure pertinent de la santé d'une entreprise (cf. mes commentaires de la proposition n°2). Par ailleurs, ce critère peut être contourné facilement.

Conclusion. Oui à l'idée d'accroître le coût des licenciements pour les entreprises en bonne santé, mais il faut un critère plus adapté que le versement de dividendes.
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"6. Pour protéger les intérêts de l’Europe, de ses savoir-faire et de ses salariés dans la mondialisation, pour mieux réguler le commerce, nous agirons pour augmenter les droits de douane sur les produits provenant de pays ne respectant pas les normes internationales en matière sociale, sanitaire ou environnementale."
Note : 2/10

Pour. Une telle mesure pourrait éventuellement contribuer à réduire à très court terme le chômage en Europe, en améliorant artificiellement la compétitivité des productions locales. Cela resterait néanmoins à démontrer.

Elle pourrait inciter les pays dont l'économie le permet à rapprocher leurs standards sociaux et environnementaux des standards européens.

Contre. Les entraves au commerce mondial sont, en règle générale, nuisibles au développement économique et social de l'ensemble du monde. C'est une spirale infernale, où tout le monde est perdant : si nous dressons autour de nous des barrières de protection, quelles qu'en soient les formes, notre pouvoir d'achat diminue du fait de la diminution d'importations compétitives, le développement économique des pays dont les exportations sont ainsi pénalisées est ralenti, leur chômage augmente, leurs importations se réduisent, nos exportations vers ces pays font de même, et in fine notre chômage s'accroît ...

Le développement social (dans toutes ses dimensions) est le produit naturel du développement économique, comme cela a toujours été le cas dans les pays les plus développés. La vision selon laquelle nous devrions "punir" les pays qui ne respectent pas nos standards sociaux de pays très développés en utilisant notre domination économique peut être qualifiée de colonialiste. Elle consiste à refuser aux pays les moins développés le droit de conduire leur propre développement comme nous l'avons conduit pour nous-mêmes.

Circonstance aggravante : une telle disposition viserait en réalité non pas tant à faire progresser les pays concernés qu'à se protéger de leur concurrence, concurrence qui est précisément le principal instrument de leur progrès économique et social.

Conclusion. Il faut bien évidemment s'efforcer de faire progresser partout dans le monde les standards sociaux et environnementaux. Cela doit se faire par l'exemplarité, la conviction, le dialogue et le progrès économique partagé. Mais, quitte à passer pour naïf, je pense que dresser autour de l'Europe des barrières protectionnistes camouflées sous un vernis de bonne conscience sociale n'est ni juste ni efficace.
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"7. Pour réduire l’endettement de la France, nous affecterons à la réduction de la dette la moitié des marges financières que nous dégagerons."
Note : 10/10

Pour. Tout.

Contre. Rien.

Conclusion. Qui serait contre ? Les mauvaises langues diront qu'il reste juste à dire comment on va les dégager, les marges en question ...

(voir propositions suivantes)

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