3. Les Etats peuvent-ils payer les intérêts de leur dette ?
(voir l'épisode précédent)
J'ai indiqué plus haut que les Etats ne remboursaient jamais leur dette, mais qu'ils devaient néanmoins payer les intérêts de cette dette.
Il est donc indispensable de s'assurer qu'un Etat a la capacité de payer durablement ces intérêts (d'où, encore une fois, l'utilité d'agences de notation indépendantes des dits Etats). Et qu'est-ce qui détermine cette capacité ?
Pour simplifier, trois éléments déterminent la capacité d'un Etat à payer les intérêts de sa dette :
• le niveau de la dette
• les taux d'intérêt
• sa capacité présente et future de prélever une part des revenus de ses administrés suffisante pour assurer le service de la dette en sus des autres dépenses de l'Etat.
C'est la raison pour laquelle j'ai indiqué plus haut que fixer un plafond au niveau absolu de la dette me paraissait absurde : c'est au moins le produit du montant par le taux qu'il faudrait considérer. Par ailleurs, la capacité de prélèvement d'un Etat (mesurée par exemple en pourcentage du PIB) dépend de quantité de facteurs : ses traditions, son organisation, etc.
C'est pourquoi c'est bien plutôt la charge annuelle d'intérêt rapportée au PIB (ou rapportée au montant total des ressources de l'Etat considéré), et son évolution, qu'il faut évaluer, pour estimer la capacité d'un Etat à supporter un niveau d'endettement donné. Ainsi un pays donné peut, à un moment donné, supporter un endettement nettement supérieur à 100% de son PIB, alors qu'un autre, à un autre moment, aura les pires difficultés avec un niveau d'endettement bien inférieur.
C'est aussi la raison pour laquelle, autant je pense inappropriée la règle du plafonnement à 60% du PIB de la dette publique prévue par le Traité de Maastricht, autant je pense judicieux le principe, prévu par ce même Pacte, du plafonnement du déficit public à 3% du PIB. Nous ne serions certainement pas là où nous sommes si cette règle avait été respectée par tous les Etats européens (et, de fait, pas un seul, je crois, ne l'a respectée).
C'est enfin la raison pour laquelle la question de la croissance est indissociable de celle de la dette.
(voir la suite)
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