jeudi 18 août 2011
De la dette publique et de son remboursement ... éventuel (1er épisode)
La dette publique est à la mode. En plus d'être à la mode, elle est énorme. Obèse, pourrait-on dire. Ces temps-ci, elle occupe même tout l'espace.
Jusqu'à récemment, comme lorsqu'on se pressent atteint d'une grave maladie, on le savait, mais on essayait de ne pas la voir, en espérant que quelque chose se passe, un miracle, la fin du monde, ou je ne sais quoi, qui la fasse disparaître avant que les médecins ne la diagnostiquent. Désormais, elle est repérée. Certains essaient encore de croire, ou de faire croire, que c'est un complot, un odieux mensonge répandu par les méchants "marchés financiers", les démoniaques agences de notation financière et leurs miroirs déformants. Mais il faut se rendre à l'évidence : elle est là, bien là, tout le monde la voit, et on ne peut plus faire l'autruche.
Alors, comme pour n'importe quel individu en surpoids, chacun y va de son remède : se mettre au régime sans graisse et sans sucre, faire payer les riches (mais ils ne sont pas assez nombreux), faire payer les pauvres (mais ils ne sont pas assez riches), mélanger ensemble toutes les dettes européennes, les bonnes et les mauvaises, en espérant que ça en réduira le coût par une alchimie miraculeuse (vu de loin, ça ressemble aux mélanges aphrodisiaques qui ont conduit à la crise des subprimes), taxer les flux financiers (le jour où tout le monde sera d'accord pour le faire), faire des réunions, des promesses et des communiqués (au moins ça ne coûte rien, ou pas grand chose), ...
Je n'ai pas l'intention ici, du moins cette fois-ci, de proposer ma propre méthode miracle pour (re)devenir svelte et musclé quand on est gras et mou. Je voudrais juste réfléchir sur la question du remboursement de la dette.
Bien sûr, en principe, une dette est faite pour être remboursée : personne ne prêterait de l'argent à quiconque s'il n'avait pas au moins l'espoir d'être un jour remboursé - ou alors ça s'appelle un don. De plus, le prêteur s'attend aussi à percevoir des intérêts en contrepartie de son prêt - car, en prêtant son argent, il a renoncé à l'investir ailleurs avec l'espoir d'un revenu in fine supérieur à ce qu'il aurait investi. Tout cela, bien sûr, avec des risques pour le prêteur, risques dont il tient compte dans ses décisions (d'où l'utilité des agences de notation) - et dans le niveau des taux d'intérêt qu'il demande.
Mais en réalité, s'agissant de la dette des Etats, est-ce bien la question ? Autrement dit, un Etat doit-il vraiment rembourser ses dettes ?
(voir la suite)
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