jeudi 13 janvier 2011

Surendettement


Comme Stéphane Hessel (même si je me méfie, par nature, des engouements collectifs comme des mots d'ordre d'où qu'ils viennent), je crois aussi qu'il existe des choses qui méritent qu'on s'indigne. Ca ne sert peut-être pas à grand chose, mais peut-être qu'à la fin l'expression d'une multitude d'indignations individuelles a une petite chance d'infléchir un peu le cours naturel des choses. Et c'est aussi une forme d'hygiène mentale et citoyenne.

Ce qui m'indigne aujourd'hui, c'est la totale irresponsabilité des banques, et la lâcheté des politiques, vis-à-vis du problème du surendettement (celui des individus, pas celui des Etats), dont l'actualité montre régulièrement l'étendue des ravages. Combien de dépressions, de suicides, de meurtres, quelle quantité de malheur faudra-t-il pour que les banques, qui vendent sans vergogne des crédits mortifères à des milliers de personnes, et les politiques qui définissent les règles, prennent ce problème sérieusement ?


Le crédit pour les banques, c'est comme le tabac pour les fabricants de tabac ou l'alcool pour les fabricants d'alcool, comme les armes pour les fabricants d'armes, la drogue pour les fabricants de drogue, le jeu pour les organisateurs de jeux : c'est leur gagne-pain, et plus ils en vendent mieux ils se portent. Pour les clients, c'est agréable, voire utile, voire parfois nécessaire, à petite dose et tant qu'ils peuvent s'arrêter - mais c'est aussi une addiction potentielle, socialement destructrice et parfois mortelle pour les individus les plus fragiles.

Et s'il faut s'indigner du comportement des banques, il faut sans doute s'indigner plus encore de la timidité avec laquelle les politiques combattent ce problème : qui peut sérieusement croire que c'est en se contentant de rappeler aux consommateurs qu'un crédit doit être remboursé qu'on lutte efficacement contre le surendettement ?

Les premiers responsables du surendettement sont les vendeurs de crédit, bien avant les acheteurs. Il faut que la loi oblige ces vendeurs à s'assurer de la capacité des acheteurs à rembourser leurs dettes sans mettre en danger leur vie personnelle et celle de leur famille. Il faut interdire les incitations au crédit facile, qui commencent par les découverts gratuits offerts aux jeunes qui ouvrent un compte en banque - c'est aussi criminel que naguère la distribution de Gauloises aux appelés du contingent, dont il a fallu bien plus longtemps encore que le Médiator pour obtenir la fin. Il faut enfin que la loi sanctionne les vendeurs de crédit, et lourdement, lorsqu'ils ont contribué, au mieux par défaut de vigilance, au pire par négligence volontaire, à une situation de surendettement.

1 commentaire:

  1. Malgré quelques avancées apportées par la Loi Lagarde qui implique un peu plus les banques, rien n'est fait pour freiner le surendettement en France. C'est peut être avec une législation beaucoup plus stricte et encadrante pour les divers organismes de crédit que le phénomène se calmera. Quant aux diverses incitations quotidiennes à vivre au dessus de nos moyens, c'est un véritable changement sociétal qu'il faudrait pour les arrêter...

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