vendredi 24 février 2012

E comme Europe


(suite de mon abécédaire de campagne)

La campagne présidentielle est lancée. Les programmes des principaux candidats commencent à prendre forme.

Sous forme d'un abécédaire, en passant par D comme Dette, F comme Fiscalité, I comme Inégalités, ou V comme Valeurs, je pose ici aux candidats les questions dont dépendra en grande partie mon vote en avril prochain.

Au menu aujourd'hui : E comme Europe.

Ma question

L'Europe était un grand projet. Pourtant elle semble en panne : panne de croissance économique, panne de gouvernance, panne de leadership, panne d'espérance. Que comptez-vous faire pour redonner à l'Europe l'élan qui lui fait cruellement défaut aujourd'hui ?

Mon avis

L'Europe est, plus que jamais, la chance de la France : le monde est devenu trop grand pour que la France seule puisse y compter. C'est d'ailleurs le sens de l'action qui a été conduite depuis plusieurs décennies par ses gouvernements successifs, et notamment la raison de la création de l'euro. Malheureusement tant Nicolas Sarkozy que François Hollande, reniant l'un comme l'autre leurs prédécesseurs respectifs, paraissent avoir abandonné l'idée européenne en rase campagne, la chasse aux voix passant, semble-t-il, par ce lâche renoncement.

Je crois que la France doit retrouver le chemin de l'Europe, celui qu'avait en son temps tracé François Mitterrand, et lui donner un nouvel élan. Et ce n'est ni en se mettant à la remorque de l'Allemagne, érigée tout à coup en l'unique modèle à imiter sur tous les plans (même si l'Allemagne a, en matière économique en particulier, fait de bien meilleurs choix que les autres pays d'Europe, et notamment la France, ces dernières années), ni en prétendant vouloir remettre en cause des accords européens si difficilement négociés, que le prochain président redonnera du sens à la construction européenne, ni qu'il redonnera aux Français une image positive de l'Europe.

La France peut, et doit, reprendre le leadership européen, non pas pour dicter sa loi au reste de l'Europe, ce qui serait aussi prétentieux qu'improbable, mais pour poursuivre la construction de l'Europe.

La première condition pour ce faire, c'est d'être exemplaire en matière de redressement des comptes publics. Il n'y a pas de leadership sans exemplarité. Ce n'est pas le hasard, ni la personnalité d'Angela Merkel, qui a fait que l'Allemagne est devenue aujourd'hui le véritable leader de l'Europe, celui qui entraîne et qui donne une vision de l'avenir : c'est tout simplement parce que c'est le seul, parmi les grands pays d'Europe, à avoir géré sainement ses propres affaires.

La deuxième condition, c'est de rétablir une relation de confiance, d'estime et de respect réciproques avec l'Allemagne, car ce n'est que par le couple franco-allemand que l'Europe continuera à avancer.

La troisième condition, celle qui emportera tout le reste, c'est de donner à nouveau aux Français l'envie d'Europe, au lieu de la présenter comme un ensemble de règles imposées d'ailleurs, auxquelles on ne se soumet qu'à regret ; et de se mettre en capacité de leur faire accepter les indispensables transferts de souveraineté, notamment fiscale et budgétaire, qu'imposent à l'évidence la poursuite de la construction européenne, et notamment la survie de sa monnaie, et le maintien de la place de l'Europe dans le monde.

Cela passe nécessairement, me semble-t-il, par l'élection au suffrage universel d'un Président de l'Europe, qui me paraît la seule voie susceptible de donner une réelle légitimité démocratique aux décisions prises au niveau européen.

(à suivre)

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