lundi 27 février 2012

E comme Ecole (ou comme Enseignement, ou comme Education)


(suite de mon abécédaire de campagne)

La campagne présidentielle est lancée. Les programmes des principaux candidats commencent à prendre forme.

Sous forme d'un abécédaire, en passant par D comme Dette, F comme Fiscalité, I comme Inégalités, ou V comme Valeurs, je pose ici aux candidats les questions dont dépendra en grande partie mon vote en avril prochain.

Au menu aujourd'hui : E comme Ecole (ou comme Enseignement, ou comme Education).

Ma question

L'éducation va mal en France. Le pays recule dans les classements internationaux de mesure des acquis des élèves (22ème pays du monde pour les mathématiques et la lecture, 27ème pour les sciences, selon le programme PISA). Les enseignants souffrent, les parents d'élèves et les élèves aussi.

Comment comptez-vous faire en sorte que la France revienne parmi les pays les plus performants dans ce domaine ?

Mon avis

La question de l'éducation doit être une priorité absolue des pouvoirs publics. Je dirais même que, s'ils ne devaient se préoccuper que d'une chose, ce serait de celle-là : car c'est d'abord là que se joue l'avenir de nos enfants, et celui du pays.

Nous devons reconstruire un système éducatif qui remplit son double rôle d'intégration sociale et de préparation au monde du travail.

On voit bien que, si l'on aborde la question d'abord, voire exclusivement, en termes de nombre d'enseignants, ou de ressources financières, on risque de passer à côté de l'essentiel (même si l'un et les autres ne sont pas des sujets négligeables).

Je suis frappé de voir à quel point le système scolaire d'aujourd'hui ressemble à celui d'il y a cent ans : des classes, des maîtres, des examens "couperets", ... Mais l'environnement dans lequel on essaie, avec de moins en moins de succès, de faire fonctionner ce système, a changé du tout au tout : les enseignants, qui étaient une des élites de la nation, sont méprisés et tenus pour responsables de tous les maux de la terre ; ils déploient plus d'énergie, souvent jusqu'à épuisement, à jouer les garde-chiourme qu'à enseigner ; à force d'être méprisés par le corps social dans son ensemble, ils sont méprisés par leurs élèves ; les enfants d'aujourd'hui n'ont, que cela plaise ou non, plus grand chose à voir avec ceux d'il y a cinquante ans ...

Comment, lorsqu'on constate à quel point le monde a changé, peut-on imaginer que le système scolaire napoléonien (je caricature un peu, mais à peine) puisse encore être adapté à ce monde ?

On ne peut pas se contenter des réponses trop faciles, et fausses, rejetant la "faute" sur les profs, ou sur les parents, ou sur les élèves. Il ne sert à rien non plus de regretter le "bon temps" de Jules Ferry (pas Luc Ferry), de la IIIème République et de ses "hussards noirs " ... Bien sûr, ce serait tellement mieux si les profs étaient tous des éducateurs idéaux et désintéressés, les parents tous des parents parfaits, les élèves tous bien élevés ! Mais ils faut les prendre comme ils sont, en tenant compte en particulier de leurs différences, et repenser le système en fonction de la réalité telle qu'elle est, et non pas telle qu'on pense qu'elle devrait être.

Je suis frappé également, comme à peu près tout le monde, par la pauvreté de la culture économique des Français en général. C'est une faiblesse et un risque pour le pays et pour la démocratie : à des citoyens qui n'ont pas appris à comprendre les fondements de l'économie, on peut faire avaler à peu près n'importe quelle fantaisie - et un certain nombre de nos hommes ou femmes politiques ne s'en privent pas.

Je suis convaincu qu'il faut réformer très profondément le système scolaire français pour l'adapter au monde réel. Il faut inventer un système qui permette aux enseignants de regagner le respect des citoyens, préalable indispensable au respect des élèves ; un système qui leur redonne le goût d'enseigner, et aux élèves l'envie d'apprendre ; il faut redéfinir les savoirs à enseigner, les méthodes d'enseignement, l'organisation des écoles, ...

Cette révolution, ce n'est pas un ministre de l'éducation, si perspicace et courageux soit-il, qui peut la mettre en marche. Elle ne peut se faire que sur la base d'un diagnostic partagé des insuffisances et des échecs du système actuel, d'une analyse complète et objective de ce qui fonctionne dans les autres pays, et d'une réflexion collective qui engage l'ensemble des parties concernées, les enseignants, les parents, les entreprises, et les pouvoirs publics. C'est un chantier national de rénovation de l'enseignement qu'il faut lancer sans attendre.

(à suivre)

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