mercredi 29 février 2012

C comme Chômage

(suite de mon abécédaire de campagne)

La campagne présidentielle est lancée. Les programmes des principaux candidats commencent à prendre forme.

Sous forme d'un abécédaire, en passant par D comme Dette, F comme Fiscalité, I comme Inégalités, ou V comme Valeurs, je pose ici aux candidats les questions dont dépendra en grande partie mon vote en avril prochain.

Au menu aujourd'hui : C comme Chômage.

Ma question

La France compte presque 10% de sa population active au chômage, autant que la moyenne de l'Union Européenne, alors que l'Allemagne est à 5,5% (source : Eurostat). Comment comptez-vous réduire le taux de chômage en France ?

Mon avis

Il est trop facile, et mensonger, de rejeter la responsabilité du taux élevé de chômage que nous connaissons en France sur "la crise", ou sur l'action de la force occulte et maléfique que serait "le monde de la finance". L'exemple de l'Allemagne montre qu'il était possible de faire beaucoup mieux, sans pour autant sacrifier le modèle social qui est le nôtre (même si on peut sûrement discuter aussi de la réalité du travail en Allemagne, des bas salaires, etc.).

Cette situation est principalement le résultat des choix politiques qui ont été faits en France jusqu'à aujourd'hui. Il faut donc en changer, en s'inspirant de ce qui a été fait dans les autres pays qui ont réussi mieux que nous dans ce domaine.

Ce n'est certainement pas en s'étranglant de colère contre la décision de Renault de construire des voitures "low cost" à Tanger, comme viennent de le faire de concert Christian Estrosi (UMP), Nicolas Dupont-Aignan (DLR), Louis Aliot (FN) et François Hollande (PS), ajoutant à une méconnaissance dramatique des réalités économiques un profond mépris pour les Marocains, qu'on luttera contre le chômage (voir M comme Mondialisation).

Ce n'est pas non plus en rigidifiant de façon excessive le marché du travail, ni en multipliant les promesses de campagne qu'on oubliera aussitôt l'élection passée, ni en injectant des fonds publics pour soutenir artificiellement des entreprises ou des filières peu performantes, qu'on y parviendra - même s'il est aussi nécessaire, de temps en temps, de mener de petites batailles pour sauver ici ou là, temporairement au moins, quelques emplois.

Ce n'est pas enfin en inventant une nouvelle loi à chaque menace de fermeture d'usine, comme on le voir ces jours-ci avec la loi Petroplus de Sarkozy ou la loi ArcelorMittal de Hollande, qu'on résoudra le problème.

La lutte contre le chômage, qui doit être, avec l'éducation, une priorité absolue de nos gouvernants, passe essentiellement par le développement structurel de l'emploi en France, et donc de l'activité économique sur le territoire.

Elle repose à court terme sur la croissance (voir C comme Croissance), qui elle-même dépend à la fois de l'investissement et de la compétitivité de nos entreprises (voir C comme Compétitivité).

Le développement de l'emploi en France suppose que soient réunies un certain nombre de conditions, pour lesquelles le rôle de l'Etat est essentiel :
• un environnement réglementaire et fiscal qui incite les entreprises à s'installer, à investir et à développer leur activité en France - ce qui implique notamment une certaine stabilité de cet environnement, stabilité dont la France a beaucoup manqué dans le passé récent

• l'existence d'une main d'œuvre qualifiée - ce qui passe par une formation mieux adaptée, et notamment plus orientée vers le monde du travail

• un coût du travail compatible avec la compétitivité des produits et des services fournis, tant pour les consommateurs français que sur les marchés étrangers - c'est-à-dire concurrentiel par rapport à celui des pays de niveau de vie comparable au nôtre

• et réciproquement, le développement d'une production dont la qualité est en adéquation avec le coût du travail d'un pays parmi les plus riches du monde

• le développement d'une culture d'entrepreneurs, en particulier chez les jeunes

• l'existence d'une activité forte de recherche et développement, qui soutienne l'innovation.
A plus long terme, il nécessite de surcroît une rénovation profonde de notre système d'éducation et de formation (voir E comme Ecole).

(à suivre)

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