vendredi 2 mars 2012

V comme Valeurs

(suite de mon abécédaire de campagne)

La campagne présidentielle est lancée. Les programmes des principaux candidats commencent à prendre forme.

Sous forme d'un abécédaire, en passant par D comme Dette, F comme Fiscalité, I comme Inégalités, ou V comme Valeurs, je pose ici aux candidats les questions dont dépendra en grande partie mon vote en avril prochain.

Au menu aujourd'hui : V comme Valeurs.

Ma question

Certains candidats ont déclaré que la campagne se jouerait sur des valeurs : quelles sont les vôtres, quelles sont celles qui sous-tendront votre parole et votre action en tant que Président de la République ?

Mon avis

Les valeurs portées, ou véhiculées, par les candidats, constitueront effectivement l'un des éléments essentiels sur lesquels je déterminerai mon vote.

Je ne les citerai pas toutes, car beaucoup sont partagées par l'ensemble des candidats. Je me contenterai de citer ici celles sur lesquelles ils me semblent se différencier.

Egalité
Le mot d'égalité n'est plus à la mode : on lui préfère le mot de justice, tellement plus commode, et qui ne fait de tort à personne, chacun se sentant libre de définir ce qui est juste. La justice, qui serait contre ?

Il y aurait beaucoup à dire sur l'égalité, et ces quelques lignes n'y suffiront évidemment pas.

C'est l'égalité des droits et des chances, bien sûr : mais pour qui exactement ? Vaut-elle aussi pour les immigrés (voir par exemple D comme Droit de vote des étrangers) ?

C'est aussi l'égalité de tous devant la loi (voir A comme Affaires).

C'est encore l'égalité des conditions de vie : car comment peut-on décemment parler d'égalité des chances dans une société aussi profondément inégalitaire que la nôtre, non seulement en termes de richesse, mais aussi d'accès aux soins, à l'enseignement, au logement, dans une société où l'héritage, au sens large, joue un si grand rôle (voir I comme Inégalités) ?

On est très loin du compte.
Solidarité
La solidarité, très prosaïquement et très simplement, c'est le fait pour chacun de contribuer aux besoins collectifs, et notamment à ceux des plus pauvres, à hauteur de sa capacité contributive (voir F comme Fiscalité).

Du point de vue de l'Etat, la solidarité doit être entendue, et mise en œuvre, comme un élément indispensable à la cohésion sociale, elle-même facteur de progrès pour l'ensemble de la société. Il me semble, au passage, que la mise en œuvre de dispositifs excessivement confiscatoires, même s'ils pourraient apparaître moralement justifiés (voir I comme Inégalités), risqueraient de ne pas remplir ce rôle.
Vérité
J'attends du futur Président, et donc d'abord des candidats, qu'ils disent la vérité aux Français.

La vérité sur les perspectives de croissance, la vérité sur les efforts qui seront nécessaires, et qui seront demandés aux citoyens, pour ramener la dette publique à un niveau supportable, la vérité sur les choix énergétiques que l'on veut faire, ou ne pas faire, et sur leurs conséquences, la vérité sur les mesures fiscales qu'on prévoit de prendre et le cas échéant de reprendre, ...

Je sais bien que je demande l'impossible, car la conquête du pouvoir, et son exercice, sont très probablement l'un et l'autre incompatibles avec la vérité. Mais il y a des degrés dans le mensonge.
Respect
Le respect, c'est d'abord le fait de traiter chaque individu comme membre à part entière de la communauté humaine. C'est le contraire de l'indifférence, et c'est aussi le contraire de la discrimination, de la stigmatisation ou de l'ostracisme vis-à-vis de certaines personnes ou de certains groupes de personnes, quel qu'en soit le motif - et Dieu sait s'il y en a de nombreux : la couleur de peau, la religion, l'orientation sexuelle, la nationalité, l'opinion politique, la position sociale, l'emploi ou son absence, ...

Le respect, c'est le contraire du mépris : il emporte non seulement les exigences d'Egalité et de Solidarité, mais aussi l'exigence de Vérité. Car ce n'est pas respecter les citoyens que de leur faire des promesses dont on sait qu'elles ne seront pas tenues. Ce n'est pas non plus les respecter que d'accumuler en leur nom des dettes au-delà du raisonnable, dettes qu'ils finiront un jour par payer, très cher pour les plus démunis ou les moins malins.

Le respect, de la part d'un détenteur du pouvoir, c'est aussi l'exemplarité : ce n'est pas respecter les gens que s'octroyer des libertés et des privilèges qui ne sont pas justifiés par l'exercice de sa fonction, et ça l'est encore bien moins de les octroyer à ses amis, ou de les laisser se les octroyer (voir A comme Affaires).

Respecter les électeurs, c'est enfin renoncer à la démagogie : renoncer à flatter les passions, les frustrations, les peurs ou les préjugés de tel ou tel groupe d'électeurs, ou parfois de la majorité d'entre eux, en tenant des discours simplistes ou fallacieux, ou en proposant ou en prenant des mesures qu'on sait contraires à l'intérêt général. Les exemples sont malheureusement légion dans cette campagne ...

Ainsi, s'il fallait au fond ne retenir qu'une seule valeur, c'est celle de Respect que je choisirais. Car elle emporte toutes les autres.
(à suivre)

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