vendredi 2 mars 2012

R comme Retraites


(suite de mon abécédaire de campagne)

La campagne présidentielle est lancée. Les programmes des principaux candidats commencent à prendre forme.

Sous forme d'un abécédaire, en passant par D comme Dette, F comme Fiscalité, I comme Inégalités, ou V comme Valeurs, je pose ici aux candidats les questions dont dépendra en grande partie mon vote en avril prochain.

Au menu aujourd'hui : R comme Retraites.

Ma question

Rétablirez-vous la retraite à 60 ans, pour qui, et dans quelles conditions ?

Mon avis

Globalement, je suis convaincu - bien que je n'aie pas trouvé d'éléments statistiques pour le démontrer - que le système de retraite a pour effet non pas seulement de maintenir, mais d'aggraver, les inégalités nées pendant la période d'activité. Plusieurs facteurs jouent dans ce sens, parmi lesquels :
• le fait que la précarité, qui touche bien évidemment d'abord les plus démunis, a un effet multiplicateur sur le niveau de la retraite

• le fait que seuls les plus fortunés peuvent accumuler un patrimoine dont les revenus ou la jouissance viennent améliorer le niveau de leurs pensions de retraite

• le fait que les bénéficiaires des plus hauts revenus sont statistiquement aussi ceux des plus gros héritages

• le fait que l'espérance de vie des plus pauvres est inférieure à celle des plus riches (en France, l’écart d’espérance de vie à 35 ans entre cadre et ouvrier est aujourd’hui de 7 ans chez les hommes et 3 ans chez les femmes, et cet écart va en s'aggravant)

• sans oublier le fait que les plus aisés sont aussi, statistiquement au moins, ceux qui ont le moins envie de prendre leur retraite, parce qu'ils trouvent davantage de plaisir dans leur travail et qu'ils sont en meilleure santé ...
Pour simplifier, un riche à la retraite reste riche, un pauvre à la retraite devient encore plus pauvre.

Même si cela ne suffirait pas, et de loin, à rétablir l'équité du système, il me semble justifié, dans ces conditions, de permettre à ceux qui ont cotisé pendant un nombre de trimestres suffisant de partir en retraite à 60 ans s'ils le souhaitent.

Cette mesure serait évidemment coûteuse. Mais la réponse selon laquelle il n'y aurait pas d'argent me semble pas suffisante : à ce compte-là, rien, jamais, ne serait possible. La vraie raison pour ne pas le faire est ailleurs : pour donner aux uns, en l'occurrence ceux qui ont commencé à travailler très tôt et qui sont donc, le plus souvent, peu qualifiés et ont eu des salaires bas, il faudrait reprendre aux autres, et pas seulement aux très riches : il faudrait toucher aux moyennement riches. Electoralement, le bilan risque bien d'être négatif !

Je dis donc oui, en principe, à un retour à la retraite à 60 ans pour ceux qui ont cotisé assez longtemps : cela remettrait un tout petit peu de justice dans le système des retraites. Mais j'attends aussi qu'on me dise précisément comment, c'est-à-dire par qui, cette mesure sera financée, dans un contexte d'absence totale de marge de manœuvre dans la gestion des finances publiques.

(à suivre)

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