samedi 25 mai 2013

La mort d'un poète



Georges Moustaki est mort avant-hier.
 
Non, je sais, ce n'est pas une nouvelle. Sur le moment, ça m'a fait un petit choc : Le métèque, c'est ma jeunesse, aussi. Mais ça fait un moment déjà qu'elle a foutu le camp, ma jeunesse.
 
Un poète qui meurt, ça ne fait pas de fracas, c'est une bulle qui éclate, une plume qui tombe, c'est rien du tout. Moustaki, depuis le temps qu'il était silencieux, on le croyait déjà mort. En plus, un poète ne meurt pas vraiment. Il en est même beaucoup qui ne commencent vraiment à vivre qu'après leur mort. La mort de Moustaki, c'est rien du tout ... ou presque : pas la fin du monde, non, mais quand même la fin d'un monde.
 
Parce qu'il était, je crois bien, le dernier survivant. Moustaki n'était pas un monstre sacré : il n'était ni Piaf, ni Barbara, ni Gréco, ni Brel, ni Brassens, ni Reggiani, ni Salvador, ni Mouloudji. Mais il était un membre de cette famille-là. C'est avec tous ceux-là qu'il a chanté, qu'il a vécu, qu'il a aimé. C'est avec eux, pour eux qu'il a écrit ces chansons qui resteront parmi les plus belles de la chanson française : Milord, bien sûr, pour Piaf, La longue dame brune pour Barbara, Ma liberté pour Reggiani ...

Il était le dernier survivant, mais la vie continue. Je pense à l'adaptation qu'il a faite de la très belle chanson de Carlos Jobim, Aguas de Março (à écouter ici, chantée par lui-même, ou , merveilleusement interprétée par Stacey Kent) :

"[...]C'est l'hiver qui s'efface, la fin d'une saison,
C'est la neige qui fond, ce sont les eaux de mars,
La promesse de vie, le mystère profond,
Ce sont les eaux de mars dans ton coeur tout au fond."

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire