vendredi 26 octobre 2012

Où va l'Espagne ?


Les dernières statistiques viennent de tomber - et de tomber bien bas : le taux de chômage en Espagne dépasse 25%.
Plus d'un Espagnol sur quatre sans emploi. Plus de la moitié des jeunes. Un foyer sur dix dont tous les membres sont au chômage.
On n'arrive pas à y croire : comment l'Espagne, ce très grand pays sinon par la taille, du moins par l'influence qu'il a eue sur l'histoire de l'occident et les marques qu'il y a laissées, ce pays d'immense culture, ce pays de conquérants et d'artistes, ce symbole de la résistance aux oppressions, en est-elle arrivée là ? comment s'en relèvera-t-elle ?
Est-ce bien l'Espagne de Christophe Colomb et des conquistadors ? L'Espagne de Charles Quint ? L'Espagne qui a donné sa langue à 21 pays et 400 millions de personnes dans le monde ?
L'Espagne de l'Alhambra de Grenade, de la Grande Mosquée de Cordoue, de l'Alcazar de Séville, de la Sagrada Familia de Barcelone, du Musée Guggenheim de Bilbao ?
L'Espagne du flamenco et de la corrida ?
L'Espagne de la résistance contre l'invasion de Napoléon, et de celle contre la dictature du Général Franco ?
L'Espagne du Greco, de Goya, de Velasquez ? Celle de Miro, de Dali, de Gris, de Picasso ?
L'Espagne de Cervantes, de Machado, de Garcia Lorca, de Cela ? Celle dont Victor Hugo a tiré Hernani et Ruy Blas ?
L'Espagne d'Albeniz, de Granados, de de Falla ? de Fernando Sor, de Narciso Yepes, d'Andres Segovia, de Paco de Lucia ? celle du grand Paco Ibanez ?
L'Espagne de Bunuel, de Saura, d'Almodovar ?
Et j'en oublie bien sûr.
Non, cette Espagne-là ne peut pas mourir.
Je ne résiste pas au plaisir de reproduire ici cette magnifique chanson de Guy Bontempelli, référence bien sûr à la guerre d'Espagne.
Madrid (paroles et musique de Guy Bontempelli)

On entre dans Madrid et Madrid est soumise
A genoux l’Espagnol qui baise les parvis
Pourtant il y avait du sang sur ses chemises
Qui sèchent à Madrid en travers du ciel gris


On entre dans Madrid et Madrid est stérile
Le silence a gagné sur l’écho des tambours
Lorsque le sang des morts n’est pas indélébile
Il suffit de la pluie sur le pavé des cours


Bénis soient les canons les brèches sont ouvertes
Il fleurit l’Evangile il fleurit le lilas
Ce lilas dont on sait vos épaules couvertes
Vous, Monseigneur Diaz évêque de Gomora


Est-ce le jour qui point est-ce Madrid qui brûle
Madrid a-t-elle encore quelque chose à brûler
On fusille peut-être à l’aube des cellules
L’incendie qui s’éteint rallume des bûchers


Moi qui n’ai que vingt ans que veux-tu que j’en sache
Sinon ce morne oubli sinon cette rumeur
Et ces corps étendus offerts à la cravache
Lorsque les rues du soir se gonflent de dormeurs


Bénis soient les canons les cloches carillonnent
On voit passer partout des Jésus en haillons
Sur leur tête s’étoile en guise de couronne
Le barbelé tressé qui leur saigne le front


On entre dans Madrid, Madrid est famélique
Il faut survivre, flic ou bien prendre l’habit
Le peuple-roi devient le peuple domestique
Le peuple à deux genoux polit les crucifix


Bénis soient les canons les brèches sont ouvertes
Ouvertes entre les rues d’où s’échappe un gamin
Pourquoi pas celui-là qui donnera l’alerte
Et qui naît à Madrid pauvre et républicain.

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