vendredi 23 novembre 2012
Agacement, 8
Les inventeurs de mots français m'agacent. Surtout quand ils se croient obligés d'en inventer d'hurluberlus pour donner un nom nouveau à des choses ou à des gens qui en portent déjà un. Par exemple, lorsqu'un engin a atterri sur Mars, certains ont cru bon d'inventer le mot amarsissage. C'est vrai, on avait déjà alunissage, et quand les bornes (de l'attraction terrestre) sont franchies, il n'y a plus de limites.
Je tiens qu'on doit absoudre alunir, au nom de Tintin et du Professeur Tournesol. Mais allons-nous demain, sans coup férir, aplutonir, amercurir, ajupiterir ?
Et il y a pire : selon nos néologistes compulsifs, il faudrait qu'un homme (ou une femme) ayant échappé à la gravité soit désigné d'un nom différent selon sa nationalité (ou celle de son véhicule ? on pourrait en débattre). Nous avons ainsi Cosmonaute, Taïkonaute, Astronaute, Spationaute. Il faudrait donc inventer un nouveau mot chaque fois qu'un nouveau pays enverra un voyageur dans l'espace. En nous limitant - provisoirement - à la dizaine d'astres solides de taille significative du système solaire, et aux vingt langues parlées par plus de 50 millions de personnes sur notre planète à nous, nous voici à deux cents mots français pour désigner un être humain qui atterrit sur une planète.
Je ne sais pas vous, mais moi, ça m'agace.
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Les inventeurs de mots t’agacent…
RépondreSupprimerMoi, ils me réjouissent et bien souvent leurs créations - volontaires ou non - m’enchantent !
"Ah ! ma pauv’ dame ! J’ai bien du souci avec toute cette poussière qui s’accumoncelle dans tous les coins !", se lamentait une concierge de ma jeunesse (cette réflexion n’est pas une invention, mais une histoire vraie).
En ce temps-là, les immeubles parisiens étaient farouchement surveillés par des femmes qu’on n’appelait pas encore gardiennes. À partir de 22h, les locataires étaient tenus de se nommer en passant devant la loge.
- Dupont !
Le noctambule - en général bien élevé ! - veillait à pas claquer des talons sur le carrelage, ne hurlait pas son nom…
Enfant, cette pratique m’étonnait. Adolescente, lors de mes rares permissions cendrionnesques (tiens ! En voilà un !), je murmurais mon nom… pour voir ! La vieille dame, frêle et un peu borgne, allait-elle jaillir de son antre, armée de quelque manche à balai et, telle une sorcière moyenâgeuse, chasser le forcené qui tentait de dissimuler son patronyme ? Jamais rien de semblable ne se produisit !
Puis, on perdit cette habitude et l’on perdit aussi la concierge… La loge fut transformée en local plus ou moins technique et les locataires devenus pour la plupart propriétaires s’abritèrent derrière des portes blindées.
Mais revenons à nos moutons et donc à la poussière ! N’était-il pas savoureux cet « accumoncelle » ? Avoue qu’il y a là une image forte, saisissante : il ne s’agit pas de quelques grains accumulés dans une encoignure d’escalier, ni de quelques traces de terre amoncelées sur les marches… Non, mon bon monsieur, c’est bien pis ! C’est un accumoncellement qu’il va falloir chasser à grands coups de plumeau ! Sus aux particules, honte des respectables concierges, pipelettes, bignoles, concepiges et autres tire-cordons.
Allons, souris et ne pars pas en guerre contre les créateurs de mots. Si je capture quelques-uns de leurs néologismes, promis : je te les rapporterai… avec bravitude !
Diwan
Les généralisateurs m'agacent - je veux dire, ceux qui généralisent abusivement - abusivement est d'ailleurs de trop, car toute généralisation est abusive.
SupprimerPar exemple ceux qui disent, sans nuances, que "les inventeurs de mots" les agacent, m'agacent. Il y a des inventeurs agaçants, d'autres non. Il y en a même plus de pas agaçants que d'agaçants. Je pourrais accumonceler les exemples.
Les inventeurs involontaires, par exemple, ne sont jamais agaçants. Les joueurs de mots non plus - enfin, presque jamais.
Je n'aime pas "amarsir", mais si, un jour, on envoie un marsupilami sur mars, je n'aurai rien contre, par exemple, le verbe "amarsupilamir".