vendredi 19 décembre 2014

Ma lettre au Père Noël

Merci Geluck pour ton cadeau !

Cher Père Noël,

Je t'aime bien, tu es un chic type. Et si tu n'existais pas, il faudrait t'inventer. Je te dis ça au cas, certes très improbable, où tu existerais, et où, de surcroît, tu serais sensible à la flatterie (cette deuxième hypothèse étant nettement moins improbable que la première) : ça augmenterait peut-être mes chances de voir mes vœux exaucés. Parce que, tu vas voir, il y a de quoi faire. D'ailleurs, si tu trouves que c'est trop, je suis prêt à patienter jusqu'à l'année prochaine, voire celle d'après.

C'est ça qu'il y a de bien avec toi : tu reviens toujours l'année prochaine. Enfin, jusqu'à présent. Pourvu que ça dure. Parce que, même si ton chariot est vide cette fois, ou seulement, comme le plus souvent, plein de trucs qui n'en valent pas la peine, voire dont on voudrait se débarrasser au plus vite, on peut toujours espérer pour la suivante.

Et puis, un an, c'est juste ce qu'il faut pour essayer tous les machins que tu nous as apportés, pour voir si ça marche, pour s'en lasser, ou s'en dégoûter le cas échéant, et pour réfléchir à de nouvelles idées de cadeaux. Alors, quoi qu'il arrive, n'oublie pas de revenir l'année prochaine, je compte sur toi.

Juste une dernière chose. Pour les cadeaux, je n'aime pas trop les surprises, sauf quand elles sont bonnes, ce qui arrive malheureusement très rarement. Alors n'essaie pas de me refiler tes invendus de l'an dernier en prétextant que tu n'as pas en magasin ce que j'avais demandé : ça ne va pas le faire. Mets-les directement à la décharge, ça nous fera gagner du temps.

Alors pour cette année, voici ma petite liste. Vois ce que tu peux faire, je t'en saurai gré, infiniment.

lundi 16 juin 2014

Alain Finkielkraut à l'Académie Française : est-ce bien raisonnable ?



Cher Jean d'Ormesson,

La presse rapporte que vous avez "fait campagne" pour l'élection d'Alain Finkielkraut au fauteuil de Félicien Marceau à l'Académie Française. Il se dit aussi que, parmi les plus connus de vos collègues, Pierre Nora, Michel Déon, Max Gallo, Hélène Carrère d'Encausse, entre autres, y auraient eux aussi été favorables. Et vous fûtes seize, parmi les trente-neuf Immortels vivants, à lui accorder votre suffrage. Pas une élection de maréchal, certes : mais une élection tout de même.

Vous pourriez, mon cher Jean, me demander alors : de quoi vous mêlez-vous ? Sont-ce donc vos oignons ? L'Académie n'aurait ainsi pas le loisir de choisir qui lui plaît pour siéger en son sein ?

Eh bien oui, en prose ou en vers, cela me regarde. Parce que je suis, en quelque sorte, l'un de vos employeurs, et que vous avez, de ce fait, quelques obligations envers moi. Car même si ce ne sont pas eux, ce qu'à Dieu ne plaise, qui vous choisissent, ne sont-ce pas les contribuables français qui financent cette vénérable institution qu'est l'Académie Française ? Il me semble que ça leur donne le droit, et peut-être même le devoir, d'avoir un avis sur ce qui s'y passe, et de le donner, à l'occasion.

M'ayant accordé ce droit d'opinion vous pourriez alors, cher Jean, me demander : mais quel mal y a-t-il à l'élection d'Alain Finkielkraut ? Ce garçon n'aurait-il pas toutes les qualités, et tous les mérites, requis, pour siéger à l'Académie ? De quels odieux forfaits se serait-il rendu coupable, qui le rendraient indigne de cet honneur, et de cette charge ?

samedi 15 février 2014

Laissez Vincent Lambert mourir en paix !


« [...] le sage vit tant qu'il doit, et non pas tant qu'il peut. [...] le présent que Nature nous ait fait le plus favorable, [...] c'est de nous avoir laissé la clef des champs ». (Montaigne, Les Essais)

Ce qui s'est passé autour de Vincent Lambert ces derniers mois est tout simplement insupportable.

On parle souvent, et cela arrive même à des gens bien intentionnés, du cas Vincent Lambert, du dossier Vincent Lambert, de l'affaire Vincent Lambert. On en oublierait presque, parfois, que Vincent Lambert est une personne. Une personne vivante, encore, et souffrante, assurément, dans ce qui lui reste de conscience, pour autant qu'il lui en reste.

Si crime il y a, ou il doit y avoir, le concernant, ce ne sera certainement pas celui de cesser de le maintenir artificiellement en vie : ce sera au contraire celui d'avoir prolongé inutilement ses souffrances et celles de ses proches, sans qu'aucun espoir de rémission ne le justifie.

Pourtant des médecins, en leur âme et conscience, en toute transparence, et dans le strict respect de la loi en vigueur (1), ont choisi d'appliquer ce principe d'humanité qui figure dans le serment qu'ils font au moment d'être admis à exercer la médecine : "Je ne prolongerai pas abusivement les agonies". Ils ont choisi de le faire même au prix d'une contradiction, inévitable, avec le principe du même serment qui le suit immédiatement : "Je ne provoquerai jamais la mort délibérément". Ce choix n'était pas si commun, ni, sans doute, si facile, et on aimerait que tous les médecins aient le même courage.

Pourtant l'épouse de cet homme, la seule, parmi celles et ceux à qui on a demandé leur avis, à avoir été choisie par lui, la seule donc dont l'opinion devrait compter, s'agissant d'une personne majeure qui n'est plus en état de donner la sienne, est, elle aussi, favorable à l'arrêt des traitements.

vendredi 7 février 2014

samedi 1 février 2014

A une passante


Mademoiselle Julie,

Pardonnez-moi, je vous prie, de vous appeler ainsi. Cela n'a rien à voir avec Strindberg : pas d'amour impossible, pas de cuisine ni de couteau, pas de gorge tranchée. Enfin pas que je sache, ni que j'imagine. Cela dit, au passage, pourquoi ne joueriez-vous pas, un jour, le rôle de Mademoiselle Julie ? Juliette B, qui est si belle, elle aussi, l'a joué : vous devriez le faire à votre tour. Je suis sûr que vous y seriez épatante.

Non, si je vous appelle Mademoiselle Julie, c'est parce que c'est votre nom, et que vous êtes une actrice, tout simplement. Jeanne Moreau aussi tenait à ce qu'on l'appelle Mademoiselle.

Je ne vous ai pas encore dit pourquoi je vous écris ? C'est vrai. J'y viens.

dimanche 26 janvier 2014

Haikus japonais anciens et contemporains (4)

Benoît Gilbert
Un papillon d'hiver
aux ailes déchirées
voltige toujours.
Kazué Asakura
-oOo-

samedi 11 janvier 2014

Haikus japonais anciens et contemporains (3)

 
Denis-Carl Robidoux

Fût-ce en mille éclats
elle est toujours là
la lune dans l'eau
Ueda Chôshû
-oOo-
Sans savoir pourquoi
j'aime ce monde
où nous venons pour mourir
Natsume Sôseki
-oOo-