... sur l'énergie en général et l'énergie nucléaire en particulier (4)
Un contrôle des citoyens est-il souhaitable, possible, et sous quelle forme ?
• Compte tenu de l'ampleur des enjeux pour les citoyens, de leur nécessaire contribution financière en tant que contribuables, et des intérêts économiques en jeu, y compris en termes d'emploi, les réflexions ne peuvent pas être limitées à des débats d'experts. Et les décisions ne peuvent pas être exclusivement fondées sur l'économie et la technique - même si elles doivent impérativement les prendre en compte complètement et en toute transparence. Il doit y avoir débat public.
• Les accidents de Tchernobyl et de Fukushima ont montré que les conséquences d'une catastrophe nucléaire dépassent largement le pays concerné : il y a donc une solidarité de fait de l'ensemble des pays du monde sur le risque nucléaire. Une décision d'un seul pays impacte l'ensemble du monde - et en premier lieu les pays voisins. La réflexion doit donc être collective.
• Pour ce qui concerne l'Europe, il doit y avoir des débats sur les politiques nationales, mais aussi et parallèlement sur une vision au périmètre européen voire mondial.
• Même si les choix en matière d'énergie engagent la société toute entière, prétendre qu'il s'agit de "choix de société" me semble une tromperie. Les marges de manoeuvre réelles sont limitées. L'idée d'une économie de décroissance a ses défenseurs et sans doute ses mérites, mais elle a peu de chances d'être partagée par une majorité de citoyens où que ce soit dans le monde. Le débat ne doit pas être excessivement pollué par des postures ou des idéologies politiques.
• Le référendum, évoqué par certains, ne me semble pas constituer une réponse adaptée compte tenu de la complexité du problème. L'ensemble des citoyens doit pouvoir participer au débat ou s'y sentir représenté, mais c'est d'abord aux instances démocratiques institutionnelles, et en particulier au parlement, de s'en saisir, non pas pour le confisquer, mais pour le conduire publiquement avec les exigences de responsabilité, de rigueur et de transparence qu'impose la gravité du sujet.
Et s'il fallait résumer en quelques mots ce qui précède, je dirais :
• que l'idée d'un monde sans risque majeur est une utopie dangereuse
• que les priorités immédiates sont 1) l'amélioration de la sécurité du parc nucléaire existant, 2) l'amélioration de la sécurité des nouvelles installations à construire, et 3) l'amélioration des dispositifs de contrôle
• qu'une décision de "sortie du nucléaire" serait probablement contre-productive en termes de sécurité
• que la diversification des moyens de production d'électricité est un impératif, tant au niveau français qu'aux niveaux européen et mondial
• que les efforts de recherche doivent porter à la fois sur l'amélioration de l'efficacité énergétique et sur le développement de sources d'énergie plus sûres et plus "propres" (nucléaire inclus)
• que des débats publics sur les questions énergétiques sont justifiés et nécessaires
• et que, si nous devons exiger, en tant que citoyens, une énergie de plus en plus sûre et "propre", nous devons aussi accepter l'idée que cette énergie va coûter de plus en plus cher.
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