samedi 27 octobre 2012

De l'ISF, des pigeons, et d'autres symptômes de la confusion mentale régnant à propos de l'impôt (1ère partie)


1ère partie : de l'exclusion des œuvres d'art de l'assiette de l'ISF

L'élaboration du premier budget du quinquennat Hollande (je dis "du quinquennat", et non pas "du premier quinquennat", car ses premiers mois d'exercice me font sérieusement douter qu'on l'autorise à redoubler) a soulevé quelques débats fiscaux dont je me suis délecté. Bien entendu, on a débattu (un peu) de l'inclusion des œuvres d'art dans l'assiette de l'ISF.
L'ISF et les œuvres d'art
Comme à la création de l'ISF (ou IGF dans sa version primitive) par François Mitterrand en 1982, comme en 1988 (gouvernement Rocard), puis en 1998 (gouvernement Jospin), puis en 2011 (gouvernement Fillon), est revenue sur la table en 2012 la question de l'intégration des œuvres d'art dans l'assiette de cet impôt.
Le scénario est toujours le même : quelques voix s'élèvent, parmi les parlementaires de gauche ou de droite, animées par des motivations diverses, pour remettre en cause le régime de faveur dont bénéficient les propriétaires d'œuvres d'art pour le calcul de l'ISF. Il ressort des débats parlementaires qu'au fond tout le monde ou presque, à droite comme à gauche, trouverait assez normal que les œuvres d'art soient taxées comme les autres éléments du patrimoine, à quelques détails près. Et pourtant l'histoire se termine toujours de la même façon : très rapidement, les contestataires sont remis dans le "droit" chemin par le gouvernement, de gauche ou de droite.
En 2011, Nicolas Sarkozy avait sifflé la fin de la récréation avec ces mots définitifs : « C'est une stupidité ». Il avait justifié son appréciation en déclarant, sans rire, que cela donnerait « la possibilité à l'administration fiscale de rentrer dans les domiciles des gens » pour contrôler les déclarations, et ferait « disparaître toute une part du marché des œuvres d'art en France ».
En 2012 Jean-Marc Ayrault, craignant sans doute de se voir opposer ses déclarations de l'année précédente alors qu'il était dans l'opposition, et conscient peut-être de la pauvreté des arguments qu'il avait à sa disposition, s'est contenté d'une oraison funèbre minimale : « La position du gouvernement est très claire. Il n'y aura pas d'intégration dans le calcul de l'impôt sur la fortune des œuvres d'art ». On ne pouvait guère faire plus concis.
Aurélie Filippetti, ministre de la Culture de Jean-Marc Ayrault, n'a pas été en reste : « L'exonération d'ISF pour les œuvres d'art fait partie de l'exception culturelle. Ce serait une grave erreur que de la remettre en cause alors que la compétition internationale sur le marché de l'art est très forte».
Et comme à chaque fois les détenteurs et les marchands d'œuvres d'art, après un court moment d'inquiétude, ont poussé un ouf de soulagement.

vendredi 26 octobre 2012

Où va l'Espagne ?


Les dernières statistiques viennent de tomber - et de tomber bien bas : le taux de chômage en Espagne dépasse 25%.
Plus d'un Espagnol sur quatre sans emploi. Plus de la moitié des jeunes. Un foyer sur dix dont tous les membres sont au chômage.
On n'arrive pas à y croire : comment l'Espagne, ce très grand pays sinon par la taille, du moins par l'influence qu'il a eue sur l'histoire de l'occident et les marques qu'il y a laissées, ce pays d'immense culture, ce pays de conquérants et d'artistes, ce symbole de la résistance aux oppressions, en est-elle arrivée là ? comment s'en relèvera-t-elle ?
Est-ce bien l'Espagne de Christophe Colomb et des conquistadors ? L'Espagne de Charles Quint ? L'Espagne qui a donné sa langue à 21 pays et 400 millions de personnes dans le monde ?
L'Espagne de l'Alhambra de Grenade, de la Grande Mosquée de Cordoue, de l'Alcazar de Séville, de la Sagrada Familia de Barcelone, du Musée Guggenheim de Bilbao ?
L'Espagne du flamenco et de la corrida ?
L'Espagne de la résistance contre l'invasion de Napoléon, et de celle contre la dictature du Général Franco ?
L'Espagne du Greco, de Goya, de Velasquez ? Celle de Miro, de Dali, de Gris, de Picasso ?
L'Espagne de Cervantes, de Machado, de Garcia Lorca, de Cela ? Celle dont Victor Hugo a tiré Hernani et Ruy Blas ?
L'Espagne d'Albeniz, de Granados, de de Falla ? de Fernando Sor, de Narciso Yepes, d'Andres Segovia, de Paco de Lucia ? celle du grand Paco Ibanez ?
L'Espagne de Bunuel, de Saura, d'Almodovar ?
Et j'en oublie bien sûr.
Non, cette Espagne-là ne peut pas mourir.