(d'après Aurel) |
Le 28 novembre 2013, l'Assemblée Nationale a adopté, dans une touchante unanimité, et sous les applaudissements de la quasi-totalité de la classe politique et des commentateurs, la proposition de loi visant à reconnaître le vote blanc aux élections, sous la forme suivante :
« Les bulletins blancs sont décomptés séparément [...]. Ils n’entrent pas en compte pour la détermination des suffrages exprimés, mais il en est fait spécialement mention dans les résultats des scrutins [...]».J'avais déjà eu l'occasion de dire ici tout le mal que je pensais de ce que je croyais n'être qu'une mauvaise plaisanterie. Je n'imaginais pas, à vrai dire, que les parlementaires pousseraient la démagogie, la lâcheté et l'irresponsabilité jusqu'à voter un texte aussi stupide ; pire encore, qu'aucune voix ne s'élèverait parmi eux, ni en-dehors d'eux d'ailleurs, pour dire qu'il était temps de cesser de prendre les citoyens pour des crétins. Malheureusement, je me trompais.
Pas besoin de sortir de Sciences-Po pour comprendre l'insondable nullité de cette loi. Et le fait que quelques-uns des grands penseurs de notre temps, de Francis Lalanne à Bruno Gaccio, en attendant, peut-être, Patrick Sébastien et Line Renaud, soutiennent cette loi, n'y change rien. Un vote blanc n'a et n'aura jamais plus de sens ni d'effet qu'une abstention ou qu'un vote nul : décompté ou pas, il ne compte pas. Il est d'ailleurs fait pour ça. Le voteblanchiste exprime par un bulletin déposé dans l'urne son souhait de ne pas choisir : le même souhait que celui qu'exprime, à sa façon, le pêcheur à la ligne. Comme lui, il laisse les autres choisir pour lui. Ce qui est une décision parfaitement respectable au demeurant, quel que soit le mode de non-expression de suffrage.