A propos d'Enkidou

 

Je m'appelle Enkidou (ou Enkidu). Je suis né il y a un peu moins de 5 000 ans, quelque part entre le Tigre et l'Euphrate, dans ce pays qu'on a appelé Mésopotamie ("le pays d'entre les fleuves") et qu'on appelle aujourd'hui l'Irak. Je suis issu d'une poignée d'argile, façonnée par la déesse Arourou (ou Aruru) à l'image d'Anou (Anu), dieu du ciel et père de tous les dieux, et de Ninourta (Ninurta), dieu de la fertilité. Notez que, dans les mythologies juive, chrétienne et islamique, qui se sont manifestement inspirées de mon histoire, Adam a lui aussi été créé par Dieu, devenu entre temps unique et donc omniscient et omni-compétent, à partir d'argile et à son image (d'où, sans doute, la facilité avec laquelle ses descendants, ou du moins certains d'entre eux, se croient eux aussi omniscients et omni-compétents).

Au début, je ressemblais beaucoup à une bête sauvage. On m'a décrit ainsi :

«Son corps est couvert de poils ; sa chevelure est celle d’une femme ; les touffes de ses cheveux poussent comme des épis de blé [... ]. Il ne connaît ni les hommes ni les pays. Sa seule compagnie est l’animal ; avec les gazelles il broute l’herbe ; avec les hardes il s’abreuve aux points d’eau : auprès des sources, en compagnie des bêtes sauvages, son cœur se réjouit. » (*)

A cette même époque, bien avant que le grand roi Hammourabi n’unifie la Mésopotamie autour de Babylone, la ville d'Ourouk (ou Uruk), une des trois plus grandes villes de Mésopotamie (avec Ur et Eridu), était gouvernée par un roi assez tyrannique nommé Gilgamesh. Gilgamesh était le fils de la déesse Ninsun et du roi Lugalbanda. Il était dieu pour deux tiers, et homme pour un tiers (la comptabilité des parts de divinité, comme celle des quartiers de noblesse ou des origines ethniques, est une science complexe dont les arcanes - comme d'ailleurs l'utilité - m'échappent un peu). Il avait pour parrains Shamash, dieu du soleil, qui lui avait donné la beauté, et Adad, dieu de l'orage et de la fertilité, qui lui avait donné le courage (ainsi qu'un appétit sexuel hors du commun, qui le conduisait à violer allègrement les filles et les garçons de sa juridiction).

Les habitants d'Ourouk se plaignaient auprès des dieux du comportement de Gilgamesh :

« En leurs maisons les gens d'Ourouk vivent sans cesse dans la crainte. Gilgamesh ne laisse pas un fils à son père ; jour et nuit règne sa violence. Il ne laisse pas une vierge à sa mère, fille de guerrier ou promise à un héros. » (*)

Le dieu Anou, prenant ces pauvres gens en pitié, demande à Arourou de fabriquer un rival à Gilgamesh, histoire de le calmer :

« Crée maintenant pour lui un rival qui lui soit par la force du coeur et du corps comparable, qu'ils luttent sans cesse ensemble, ainsi Ourouk gagnera la paix et la tranquillité.» (*)

C'est donc comme cela que je suis né : à la demande, et à la ressemblance (même si la ressemblance n'était pas flagrante, du moins au début), du père des dieux, pour protéger les habitants d'Ourouk. Bien sûr, au début, je l'ignorais.

Un beau jour, alors que je me désaltérais en compagnie de ma harde, je vis venir vers moi un chasseur (que j'avais peu de temps auparavant gentiment mystifié et totalement terrorisé, notamment en détruisant les pièges qu'il avait mis en place, ce qui m'avait beaucoup amusé) accompagné d'une femme d'une grande beauté. A ma vue, le chasseur disparaît prestement, mais la femme commence à se déshabiller lascivement devant moi et à m'attirer vers elle. Nous avons fait l'amour pendant six jours et sept nuits. Me retournant ensuite vers mes anciens compagnons sauvages, je constate qu'ils me fuient : il semble qu'ils ne me reconnaissent plus désormais comme l'un des leurs, mais comme un humain, donc comme un prédateur et un être indigne de confiance. J'entends d'ici les mauvaises langues gloser sur l'influence délétère de la femme sur l'homme.

La femme, après m'avoir fait connaître les plaisirs de l'amour, m'invite à partir avec elle pour Ourouk afin d'y faire connaissance avec les autres plaisirs de la civilisation, et avec le grand Gilgamesh.

« Tu possèdes maintenant la sagesse, me dit-elle,
tu es devenu comme un dieu :
pourquoi avec les bêtes parcours-tu la plaine ?
Viens, [...] je vais te conduire dans Ourouk
où vit Gilgamesh à la force incomparable [...]
où les gens sont vêtus de beaux vêtements
où chaque jour on célèbre des fêtes
où les filles sont belles et odorantes. » (*)

Au cours du voyage, elle me fait connaître d'autres voluptés :

« Mange du pain, Enkidou,
c'est le chemin de la vie ;
bois de la bière
c'est la coutume du pays. » (*)

Ce que j'ignorais, c'est que cette femme était en réalité une courtisane envoyée par les dieux pour me tenter, et que je n'étais (comme elle d'ailleurs) qu'un pantin entre leurs mains (c'est bien plus tard qu'on m'a raconté l'histoire d'Eve et d'Adam, qui présente quelques similitudes avec la mienne).

Séduit, ensorcelé même, par la belle courtisane et par son discours, et enthousiaste à l'idée de rencontrer Gilgamesh, je prends la route pour Ourouk en sa compagnie (elle s'appelait Shamat, ce qui signifie Joyeuse, et elle l'était je vous l'assure).

Les habitants d'Ourouk m'ont accueilli avec admiration et enthousiasme - entre temps, grâce aux bons soins de Shamat, non seulement j'avais fait bombance en me saoûlant à la bière, mais j'avais aussi troqué mon apparence de bête sauvage contre celle d'un être civilisé, parfumé, plein de force et d'élégance. Comme si j'étais passé, grâce à Shamat, de l'état de Néanderthalien à celui d'Homo Sapiens. Les féministes peuvent triompher : c'est la femme qui rend l'homme civilisé (un poète dira un jour : la femme est l'avenir de l'homme). Quant à savoir si la civilisation est un progrès, je vous en laisse juges.

J'ai rapidement fait la connaissance de Gilgamesh, qui m'a pris de haut dans un premier temps. Il faut dire qu'il avait été averti de tout cela par des rêves prémonitoires soigneusement organisés par les dieux, qui ne laissaient rien au hasard (moi aussi j'avais fait des rêves prémonitoires, auxquels je n'avais d'ailleurs pas compris grand chose sur le moment). Et voici qu'un jour, à l'occasion d'un mariage, il prend à Gilgamesh l'envie d'exercer son droit de cuissage sur la jeune épousée. Mon sang ne fait qu'un tour, et je me jette sur lui pour l'empêcher de commettre cet acte à mes yeux criminel (5 000 ans plus tard, le caractère criminel de l'acte en question semble encore, pour certains, dépendre de la situation sociale de son auteur**).

Le combat entre Enkidou et Gilgamesh
Du combat qui s'ensuivit, je ne garde pas un souvenir précis, et je ne suis plus sûr du vainqueur ni même s'il y en eut un. Ce qui est sûr, c'est que nous étions d'égale force. Et qu'à la fin du combat, épuisés, nous sommes tombés dans les bras l'un de l'autre comme deux amoureux.

A partir de cet instant, nous devenons inséparables.

Un jour Gilgamesh, déjà tenaillé par un sourd désir d'immortalité, m'interpelle :

« Dans la forêt demeure le puissant Houmbaba
tuons-le ensemble
pour détruire le mal sur la terre
et nous faire un nom immortel. » (*)

Humbaba était un méchant géant qui interdisait aux humains l'accès à la forêt de cèdres du Liban, domaine réservé des dieux. J'ai un peu discuté, car Humbaba était vraiment très effrayant :


Humbaba
« Le mugissement de Humbaba
c'est celui du Déluge
Sa bouche c'est le feu
son souffle la mort certaine [...]
Jusqu'à ce jour personne n'a résisté à Humbaba. » (*)

Mais je ne pouvais pas me dérober. Nous partons vers la forêt de cèdres géants, défier ce fameux Humbaba (entre temps, la mère de Gilgamesh, la déesse Ninsun, m'avait adopté, et m'avait confié le soin de veiller sur son fils - j'en étais très fier et heureux).

Au sujet d'Humbaba, il y avait des positions divergentes au sein du gouvernement des dieux : Enlil, le dieu du vent (ou de la terre, on ne sait pas très bien, les portefeuilles des différents dieux n'étaient pas définis très clairement), soutenait Humbaba, comme d'ailleurs la plupart des autres dieux, mais le dieu du soleil, Shamash (celui qui avait donné à Gilgamesh le don de la beauté), qui avait promis à la mère de Gilgamesh de l'aider en cas de problème, était avec nous. La promesse n'aurait peut-être pas suffi, mais heureusement Shamash, qui n'aimait que la lumière, haïssait Humbaba, qui la détestait.

Le combat contre Humbaba
Le combat est terrible, car Humbaba est vraiment très fort. A un moment, Shamash lance contre Humbaba les treize grands vents : le Vent du Sud, le Vent du Nord, le Vent d’Est, le Vent d’Ouest, le Vent Sifflant, le Vent Mordant, le Blizzard, le Vent Mauvais, le Vent Simurru, le Vent Démon, le Vent de Glace, la Tempête, le Vent de Sable, qui immobilisent le géant. Ce qui nous permet de tuer Humbaba - et qui va causer ma perte, je le comprendrai plus tard.

Très contents de nous (bien que ce soit Shamash qui ait fait l'essentiel du travail), nous rentrons à Ourouk par le fleuve, emportant avec nous notre moisson de bois de cèdre. Nous espérons nous faire pardonner d'Enlil en sculptant dans un cèdre géant une porte magnifique pour son temple de Nippur - manifestement ça ne suffira pas pour calmer sa colère, peut-être même a-t-il pris cela pour de la provocation. Nous ramenons également avec nous la tête d'Humbaba, pour que personne ne doute de notre victoire.

Un tel exploit ne laisse pas indifférent la population d'Ourouk, qui nous fait fête à notre retour. Le hic, c'est que la déesse Ishtar (appelée aussi Inanna), déesse de l'amour et de la guerre, et par ailleurs déesse tutélaire d'Ourouk, est tellement éblouie par les exploits de Gilgamesh (il était aussi très beau, je le rappelle) qu'elle en tombe amoureuse, et le demande en mariage illico. Aucun homme normal n'aurait pu résister. Mais Gilgamesh (j'ai la faiblesse de croire que cela montre à quel point il m'aimait d'amour) la repousse. Il faut dire qu'elle avait déjà eu une flopée d'amants, qu'elle avait estropiés, enterrés vivant, ou transformés en loup ou en araignée, lorsqu'elle en avait eu assez, et qu'on pouvait donc avoir quelques doutes sur la pérennité de son engouement. Ishtar, vexée à mort, pique alors une colère homérique (si je peux me permettre cet anachronisme). Elle demande à son père Anou de fabriquer un taureau capable de tuer Gilgamesh - elle menace de faire sortir les morts des enfers pour dévorer les vivants s'il ne cède pas à son caprice. Anou envoie son taureau (ce qui provoque, au passage, sept années de disette dans le pays), mais Gilgamesh et moi sortons à nouveau vainqueurs du combat. Ishtar, bien entendu, nous en veut à mort (sans parler d'Enlil, qui n'avait pas digéré l'histoire d'Humbaba).

Peu de temps après, la malédiction divine s'accomplit : je tombe malade, et je meurs en quelques jours.

Des mauvaises langues, de nombreuses années plus tard, prétendront que cette histoire d'amour entre Gilgamesh et moi n'était pas très catholique, et que ma maladie mortelle n'est que la conséquence de cette transgression. Ce qui est sûr, c'est que c'était bien une punition des dieux, à qui nous avions déplu. Etais-je le plus coupable ? Je n'en suis pas sûr. Mais il fallait bien une victime expiatoire, un bouc émissaire comme on dira plus tard, et j'ai joué ce rôle. Chacun ensuite dira et croira ce qu'il voudra. D'autres après moi joueront ce même rôle, notamment un qui finira cloué sur une croix de bois. Ce qui se dit, c'est que Gilgamesh est devenu plus sage, et la cité d'Ourouk plus paisible, après mon passage - au moins pour un certain temps.

Ce qui se passe après ne me concerne plus directement, mais je l'ai entendu raconter lors de ma dernière sortie des enfers (mon corps doit y rester éternellement, mais mon âme a de temps à autre une permission de sortie).

Après ma mort, mon ami Gilgamesh est désespéré, et pleure longuement devant ma dépouille (six jours et sept nuits, forcément). Se retrouvant seul, il prend conscience de son caractère mortel (ses deux-tiers de gènes divins ne lui auront pas servi à grand chose, finalement), et prend peur.

« Enkidou, mon ami, mon compagnon
celui que j'ai aimé d'amour si fort
celui qui m'a accompagné
dans toutes les épreuves
est devenu ce que tous les hommes deviennent.
Après sa mort je n'ai plus retrouvé la vie
par peur de la mort
me voici errant dans le désert [...]
Mon ami que j'aimais d'amour si fort
est devenu de l'argile
et moi aussi
devrai-je me coucher
et ne plus jamais me lever ? » (*)

Gilgamesh part alors dans le désert à la recherche d'Outa-Napishtim (Utanapishti), dont la rumeur dit qu'il a survécu au Déluge et qu'il est devenu immortel.

Après diverses péripéties (il rencontre des hommes-scorpions, puis une aubergiste dénommée Sidouri, qui lui explique que l'immortalité est une chimère et qu'il serait mieux inspiré de profiter des plaisirs de la vie, il traverse une mer réputée infranchissable et une montagne plongée dans l'obscurité totale), il finit par trouver Outa-Napishtim, et lui explique le but de sa visite : il voudrait la recette de l'immortalité. Outa-Napishtim commence par lui expliquer que la mort est naturelle, que rien ne dure toujours, qu'on n'y peut rien, et que c'est même beaucoup mieux comme ça. Mais Gilgamesh ne veut rien entendre, et s'obstine.

Outa-Napishtim lui raconte alors comment il a lui-même obtenu son immortalité - c'est l'histoire vraie du Déluge, qui sera reprise dans une autre légende, après la méga-fusion de tous les dieux en un seul, et attribuée à un dénommé Noé.

Tablette du Déluge
"Je vivais à Shouroupack, au bord de l'Euphrate, commence Outa-Napishtim. Un beau jour, les dieux, et tout particulièrement Enlil (qui décidément voulait du mal à l'humanité), décidèrent d'organiser un Déluge pour débarrasser la terre des êtres vivants, tous ingrats, violents ou ridicules, qui la peuplaient. Heureusement quelques dieux, dont Shamash et le sage Ea , trouvèrent l'idée stupide, et me conseillèrent (m'ordonnèrent, plutôt) de construire un grand navire, une sorte d'arche, où je pourrais loger ma famille et toutes les espèces d'animaux. J'ai mis sept jours pour le construire et le charger, avec l'aide des gens du pays. Dès que tout fut prêt, il se mit à pleuvoir des trombes d'eau. Ce fut une catastrophe épouvantable, tout les êtres vivants qui n'étaient pas avec moi dans l'arche moururent. Il plut sans interruption six jours et sept nuits, puis la tempête se calma. Après sept jours d'accalmie, je lâchai d'abord une colombe, qui revint sans avoir trouvé de coin de terre où se poser, puis un corbeau, qui ne revint pas : il avait trouvé où se poser et se nourrir. Je relâchai alors tous les animaux de l'arche, qui s'employèrent (ainsi que mes enfants) à repeupler la terre. En compensation de tous les tracas qu'ils m'avaient occasionnés, les dieux me cooptèrent comme dieu, et me donnèrent l'immortalité qui va avec le statut."

Gilgamesh demande alors à Outa-Nipishtim de l'aider à obtenir lui aussi l'immortalité. Outa-Napishtim, pour lui montrer qu'il n'est pas fait pour cela, lui propose une épreuve : rester éveillé six jours et sept nuits d'affilée. Gilgamesh, fatigué par toutes les épreuves qu'il a endurées auparavant, s'endort presqu'aussitôt : il est recalé. Comme lot de consolation, Outa-Nipishtim lui indique une plante qui lui permettra de rajeunir. Gilgamesh réussit à aller la chercher au fond d'un lac, mais se la fait chiper presque aussitôt par un serpent - depuis ce temps-là, le serpent change de peau à chaque mue. Pour l'homme (ou la femme), rien à faire, à part la chirurgie esthétique, mais qui ne fait illusion qu'un temps, car les dieux veillent à ce que les hommes vieillissent et meurent quand c'est leur tour.

Gilgamesh comprend finalement que l'immortalité, pas plus que l'éternelle jeunesse, ne sont faites pour les hommes. Il retourne à Ourouk faire son métier de roi, et finit sa vie en sage protecteur de sa ville. Sans le savoir, il aura gagné l'immortalité malgré lui, puisqu'il existe encore dans l'esprit des hommes 5000 ans après.

Petit glossaire des dieux

Voici un petit récapitulatif des principaux dieux impliqués dans mon histoire. On notera que les attributions des dieux sont assez floues, plusieurs dieux s'occupant apparemment des mêmes choses, et un même dieu ayant parfois des attributions assez contradictoires, ce qui explique que c'était souvent la pagaille. De ce point de vue, la grande fusion des dieux en un Dieu unique peut être considérée comme un progrès. Néanmoins, à qui peut-on désormais s'adresser quand on n'est pas d'accord ? et où sont les contre-pouvoirs ?

Adad : dieu de la pluie, de l'orage et de la fertilité.
Anou (Anu) : dieu du ciel, père de tous les dieux.
Arourou (Aruru) (porte aussi le nom de Ninhursag) : déesse de la fertilité, créatrice de l'humanité.
Ea : dieu de l'eau douce, de la sagesse, de la civilisation, de l'intelligence, de la musique et des sciences médicales.
Enlil (ou Ellil) : dieu de l’atmosphère (son nom signifie "le seigneur qui détient le souffle de la parole") et de la terre. On lui attribue, outre le Déluge, l’invention de la charrue et de la pioche. Enlil formait avec Anou et Ea une sorte de triumvirat de dieux (qu'on devrait plutôt appeler un triumdéat - ou, si vous préférez, simplement une triade).
Ishtar (ou Inanna) : déesse de l’amour, de la fertilité et de la guerre. Fille d'Anou et de Sin (déesse de la lune) et soeur jumelle de Shamash. C'est aussi la déesse tutélaire d'Ourouk.
Ninurta : dieu guerrier, dieu de la fertilité, de l'irrigation, du labour et du vent du sud. Fils d'Enlil.
Shamash : dieu du soleil et de la justice.
Sidouri : divinité féminine associée à la fermentation - et donc à la bière. Par ailleurs pleine de sagesse.

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Une tablette de l'épopée de Gilgamesh
(*) L'épopée de Gilgamesh est l'une des plus anciennes oeuvres littéraires de l’humanité. Inspirée par plusieurs récits sumériens du III° millénaire avant Jésus-Christ, elle est connue par des tablettes du début du II° millénaire, notamment par les 12 tablettes de sa version assyrienne, provenant de la Bibliothèque d'Assurbanipal à Ninive (ville d'Assyrie - partie nord de la Mésopotamie - aujourd'hui disparue, dont les ruines sont situées dans les faubourgs de la ville irakienne de Mossoul) et découvertes vers 1870.

(**) En relisant ce texte, je réalise que l'événement auquel je fais référence ici pourrait ne pas venir immédiatement à l'esprit du lecteur, comme c'était le cas au moment où je l'ai écrit.

Il s'agit d'un fait divers sordide qui remonte à 1977 : un cinéaste célèbre avait été inculpé aux États-Unis d'Amérique de viol sur une jeune fille de 13 ans. Après 42 jours de prison, le présumé violeur avait profité de sa libération sous caution pour s'enfuir des Etats-Unis et échapper ainsi à son procès. Il avait ensuite "dédommagé" sa victime en lui versant une importante somme d'argent. Il lui avait également envoyé une lettre dans laquelle il s'est déclaré "désolé". Et il s'était évidemment bien gardé, depuis, de remettre les pieds aux États-Unis.

En 2009, l'affaire revient sur le devant de la scène à la suite de l'arrestation en Suisse du dit cinéaste, en application d'un mandat d'arrêt international lancé par les États-Unis. Cette arrestation provoque un grand débat dans les medias français : la Suisse doit-elle livrer le cinéaste aux autorités américaines, afin qu'il réponde de son crime - car c'en est bien un, quelle que soit la loi à laquelle on se réfère - devant la justice ?

On se souvient - ou on a oublié, c'est selon - la réaction du ministre de la culture de l'époque, jugeant "épouvantable et totalement injuste" cette arrestation. L'histoire personnelle du dit ministre peut sans doute expliquer cette indulgence - ce qui, bien évidemment, ne l'excuse pas. On se souvient - ou on a oublié, c'est selon - les réactions de la plus grande partie de la presse bien pensante et de l'intelligentsia française : selon tout ce beau monde, si volontiers donneur de leçons, un viol sur mineure par ce grand artiste n'était plus un crime, mais une malheureuse "erreur de jeunesse" sur laquelle il convenait, après si longtemps, de passer l'éponge. Ainsi, par un extraordinaire renversement de perspective, le violeur était devenu lui-même la victime, celle d'un prétendu "acharnement médiatique", et le véritable scandale était non pas que ce vieil homme talentueux et célèbre échappât au procès auquel n'importe quel quidam, pour des faits semblables, aurait été soumis, mais qu'il courût le risque de devoir, un jour, dormir en prison.

Avertissement

Le texte qui précède n'a aucune prétention à une quelconque vérité historique ou scientifique, ni (encore moins) à l'originalité. Il est tiré d'une lecture superficielle de quelques textes disponibles sur le web, principalement sur Wikipedia, du site mythologica.fr, et de deux traductions des tablettes retraçant l'épopée de Gilgamesh : celle, en français, d'Abed Azrié (Editions Berg International), et celle, en anglais, de Maureen Gallery Kovacs (Electronic Edition by Wolf Carnahan, I998, qu'on trouve par exemple sur le site ancienttexts.org). Les passages entre guillemets et signalés par un astérisque sont tirés de ces sources. J'y ai ajouté quelques interprétations ou considérations de mon cru.

Pour les noms propres, j'ai utilisé les transcriptions en français d'Abed Azrié, en mentionnant également, en général, la transcription anglaise.

Si des lecteurs éventuels souhaitent me faire part d'erreurs ou de commentaires, ils sont les bienvenus.

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4 commentaires:

  1. Bonsoir... merci pour ce joli exposé.
    Curieux de sens, tu t'appelles comment?
    Enkidou, Noé paul Burtschell

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  2. Universitaire, physicien (personne n'est parfait), à la retraite (idem), je m'intérese à l'histoire démystifiée, en particulier, celle des dieux.
    Je connais la traduction d'Azrié et j'ai apprécié la présentation que vous en faite. Merci.
    Gérard Fontaine Lyon (24/09/2012)

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  3. et serais tu un futur spirulunier?

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    1. Je ne connais cette histoire, vieille de cinq mille ans, que depuis cinquante ans. Elle est pour moi le symbole de la réconciliation entre le « Sauvage » et le « Civilisé ». Nous sommes toujours le sauvage de quelqu'un qui, de fait, est notre ennemi... La suite de l'histoire, on la connaît, ça s'appelle la guerre ! Puissent les peuples s'inspirer de l'amitié entre Gilgamesh et Enkidu pour instaurer la paix. Merci d'avoir «  actualisé » cette belle épopée. Signé : http://enkidoul.monsite-orange.fr/

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